1729 sur la côte de Plozévet Les morues de la «Marie- Thérèse» de Roscoff. INVENTAIRE SOMMAIRE DES ARCHIVES DEPARTEMENTALES ANTERIEURES A 1790 SERIE B - COURS ET JURIDICTIONS TOME IV Articles B 4671 - 5037 Amiraute de Leon Le brigantin est le navire qui est le plus souvent utilisé pour l'armement morutier, surtout dans la première moitié du siècle , La « Marie-Thérèse » de Roscoff, un brigantin de 50 tonneaux, chargé de morues pêchées dans les parages de Terre-Neuve, s'échoua à la côte de Plozévet le 23 Octobre 1729. Ce bateau avait été armé par les sieurs Jean et Tanguy Hélies, banquiers et négociants à Bordeaux. Au départ du voyage - le 8 avril 1729 - ils sont 9 hommes d’équipage dont la moyenne d’âge est de 23 ans, commandés par un capitaine de 31 ans, Pierre Le Maigre de Kerbanalec. La campagne de pêche fut calme et sans problème. Le 1er septembre, le navire reçut la visite des conseillers de l’Amirauté et du charpentier, tous s’accordant à reconnaître que la Marie-Thérèse, en excellent état et bien avitaillée, capable d’effectuer le voyage de retour dans de bonnes conditions. C’est donc ainsi qu’à la fin du mois de septembre, le bateau, chargé de poissons salés, fit route vers Bordeaux. Un témoin direct du naufrage en fait la relation dans une lettre adressée au président du siège de Quimper : Je vous donne avis que vers les 7 heures du matin, un navire d’environ 60 tonneaux a échoué à notre côte. Il y a dix hommes d’équipage, tous sauvés... Il est chargé d’environ 1 000 quintaux de morues sèches venant de Terre-Neuve. Nous avons sauvé 4 coffres et les hardes de l’équipage et ne pensons pas pouvoir en sauver davantage.... Nous avons sauvé toutes les voiles...Le bateau est resté au gré de la mer, mais nous espérons qu’il abordera au même endroit.Dès le lendemain midi, le Lieutenant général de l’Amirauté de Quimper se rend à cheval à Plozévet, accompagné du Procureur du roi et d’un interprète « de la langue bretonne »; ils arriveront à la nuit tombée. Le lendemain, le recteur les conduit sur le lieu du naufrage et ils peuvent contempler le triste spectacle du navire que la mer avait enfin jeté à la côte, brisant la coque et répandant la cargaison aux alentours. Malgré la promptitude de l’équipe de garde, il ne fut pas possible d’éviter le pillage. Une grande partie des morues fut enlevée par les habitants de Plouhinec qui accoururent en foule au rivage. Le capitaine des gardes et ses hommes furent accueillis par une grêle de pierres qui les obligea à se retirer et à laisser les dits habitants continuer le pillage. On réussit tout de même à sauver quantité de voiles, d’espars et de cordages que l’on mit à l’abri. Une enquête fut menée pour connaître les circonstances du naufrage. Le capitaine déclara qu’en arrivant en vue des côtes bretonnes, son navire fut drossé par un fort vent de noroît sur la pointe de Penmarc‘h. Ne réussissant pas à passer la pointe, il se résolut à gagner Audierne, mais fut contraint d’échouer son navire sur une petite plage à proximité de Plozevet. La chaloupe fut mise à l’eau et l’équipage souqua ferme, mais se vit rapidement entouré par plus de 300 personnes, dont le rassemblement ne fut dispersé que par l’arrivée du recteur. Le calme ne fut que de courte durée, car le soir même, à la nuit tombée, Le Maigre fut poursuivi à coups de pierres par une infinité de personnes qu’on lui présenta comme des habitants de la paroisse de Plouhinec, lesquels ont transporté la presque totalité de la cargaison de morues, quelque résistance qu’il ait pu faire avec son équipage. Rôle d’équipage : (tous originaires de Roscoff) Kerhuel Nicolas, pilote Palud François Moal Thomas Bons Paul Languy Bernard Languy Jacques Le Hir Yves Le Scan Jean Le Scan Yves (mousse, frère du précédent Source : Jean Deunff, un triste retour de pêche de Terre-Neuve en 1729 ; Les Cahiers d’Iroise Le capitaine rapporta que lorsqu'il débarqua avec son équipage de sa chaloupe où il s'était jeté pour se sauver, il fut tout à coup entouré par plus de 300 personnes qui se retirèrent à l'arrivée du Recteur de Plozévet, messire François Aleno de Kersalic. La nuit suivante et le lendemain il fut poursuivi par une infinité de personnes de Plouhinec qui ont emporté presque toute la cargaison de morues etc... René de St Pezran, du manoir de Kerguinaou, capitaine de la paroisse de Plozévet, déclare qu'ayant atteint un des pilleurs et lui ayant donne quelques coups de canne, celui-ci répondait à chaque coup qu'il recevait, en son langage breton, qu'il se souviendrait des coups qu'on lui donnerait et qu'en temps et lieu il aurait soin de les payer.