Le 24 septembre 1780, à
Plozévet
Le Jeune Jacob de St Pétersbourg
se brise à la côte
Octave Penguilly L'Haridon (1811 1870) -
Pilleurs de la mer-
domaine public
Musée de Bretagne
C'était un voilier russe de 170 t appartenant à Wassili Kusoff.
De 1723 à 1791, 15 navires de commerce, de 23 à 196 tonneaux, firent
naufrage sur les côtes de Plozévet
(Arch. du Finistère, B 4335 à 4400).
Interrogatoire du capitaine, 24 septembre 1780 :
« (...) Dans un tel fond et par le gros temps qui régnait il vit qu’il
était inutile de jeter l’ancre. L’interrogé s’efforçait à
tenir au plus près, mais il s’aperçut que le navire commandé par l’orage
tombait dans les brisants dont est semé la baie
d’Audierne. Alors cédant à l’avis de son pilote pressé par les instances
de tout l’équipage et ne voyant aucun autre
moyen de sauver la vie de ses matelots, la sienne, la cargaison et le
navire qui lui étaient confiés, l’interrogé fit revirer
sur cette côte ou il toucha vers les dix heures du matin . Deux heures
avant la pleine mer, le navire qui coulait bas
d’eau talonna d’abord sur des roches et la mer le jeta bientôt après sur
le sable ou il est demeuré échoué (...) »
AD 29, B 4390
En 1780, les gardiens du Jeune Jacob remarquent «vers 10 heures du soir
[.. .] qu’il paraissait des voleurs
attroupés aux environs du dépôt de notre sauvetage, nous nous sommes
portés sur la côte où nous avions
aperçu, en effet, à la lueur du feu de nos tentes, une cinquantaine de
paysans retranchés derrière un fossé au
midi du naufrage »
Côtes barbares - Pilleurs d'épaves (Alain Cabantous)
Le représentant de l'amirauté demanda au procureur terrien de choisir 20
hommes entre les laboureurs les plus
honnêtes et les plus aisés de la paroisse. (!)
Il serait intéressant d'en avoir la liste !!!..
Il semble qu'il y ait eu 60 charrettes réquisitionnées pour transporter
les barriques, en convoi, au dépôt de Poulgoazec.
En 1780, lors du naufrage du Jeune-Jacob, de Saint-Pétersbourg, les
habitants de Plozéret qui
participèrent au sauvetage reçurent 4.376 l. ; les gardiens, 20 s. par
jour ou par nuit ; les travailleurs,
18 s. par marée ou 20 s. par jour ; les tonneliers, 2 l., et les
charretier, 5 l. par jour. Les charretiers
reçurent en tout 1.952 l. (Arch du Finistère, B 4390).
Ces salaires étaient sans doute insuffisants, mais les paroisses de
Plozévet avaient contre l'Amirauté
d'autres causes de ressentiments...Paul Cornec, historien d'Audierne,
raconte :
Lors du naufrage du Jeune Jacob sur la côte de Plozévet, en septembre
1780, les charretiers chargés
de convoyer les barriques sauvées jusqu'aux entrepôts de Poulgoazec,
perçurent, selon l'état des frais
de sauvetage, près de 200 livres! Mais les méritèrent-ils vraiment ?
Pourtant, cette fois, l'Amirauté
avait pris ses précautions en numérotant chacune des soixante charrettes
affrétées pour la dangereuse
expédition, ''pour rendre plus difficile la découvertes des buvetages et
autres malversations qui
pourraient être commises dans les transports et les rendre moins
nombreuses... de sorte qu'en voyant
une charrette en gaspillage, on put trouver le nom du charretier coupable
sans avoir à le demander.''
On imagine l'imposant convoi serpentant par les chemins creux sous la
surveillance du maître Lenville
galopant à bride abattue d'un bout à l'autre pour prévenir le buvetage !
Ce sera mission impossible, car malgré sa brillante idée du numérotage des
véhicules, l'infortuné
préposé devait faire un humble rapport reconnaissant ''n'avoir vu aucun
des charretiers envoyés sous
sa conduite à Poulgoazec buveter les barriques qui leur avaient été
confiées, mais qu'il craint que la
chose ne soit arrivée, ce qui était facile car les gens affectaient malgré
ce qu'il leur en disait,de se
tenir à une distance considérable les uns des autres, il luy était
impossible de surveiller en même
temps tout le convoi''.
En réalité peu de barriques arrivèrent intactes au bord du Goyen, les
charretiers accusant les paysans
d'avoir forcé leur précieux chargement, et ceux-ci assurant avoir été
invités à la dégustation par les
charretiers ivres...
Mais, vraiment, qu'aurait pu faire dans ce Far West sauvage la colonne des
braves conducteurs
bigoudens, poursuivis par la horde des paysans assoiffés de Plouhinec ?
Former le cercle sur les dunes de Kersiny pour repousser les assauts et
mener une défense héroïque
jusqu'à l'arrivée de la cavalerie amirale ?
N. Friant était procureur terrien, il reçut 46 livres pour 17j et 14 nuits
de garde
En tout : 909 livres pour les gardiens.
Total des frais de sauvetage : 4376 livres 14s. (AD- B 4390)
On releva quand même des infractions !!
sentence condamnant à 60 livres de restitution et aux dépens liquidés à 35
livres, 27 habitants de Plozévet qui
avaient enlevé ou tenté d'enlever des vins et eaux-de-vie provenant du
Jeune Jacob, de Saint-Petersbourg. (AD-B
4422)
Mort au bris
Denis Le Corre, 35ans, cultivateur à Kergourier trouva la mort au bris le
5 octobre suiv ant .
Le cinq octobre mil sept cent quatre vingts, vu le permis d'inhumer des
messieurs de l'amirauté en datte
du présent jour, signé Théophile-M Laennec, je soussigné Recteur certifie
avoir inhumé dans le
cimetière de cette église paroissiale, le corps de Denis Le Corre époux de
Jeanne le tanter, âgé d'environ
trente cinq ans , trouvé mort à la côte de Plouhinec en charroyant des
effets d'un bris arrivé à cette côte de
Plouhinec et ledit Denis le Corre du lieu de K/gourrier en cette paroisse
transporté par permission des
messieurs de l'Amirauté audit lieu de K/gourrier, le tout en présence de
ladite Jeanne Le Tanter son
épouse, d'Yves le Corre son frère, de Thomas Cabillic son oncle maternel
et de plusieurs autres qui ont
déclaré ne savoir signes.
Legendre RecteurEn fouillant un peu.... . on voit un nom :
''Théophile-Marie Laennec ou Laënnec ''
(né le 16 juillet 1747 à Quimper, décédé le 17 février 1836 à
Saint-Brieuc),
Conseiller du Roi.
Avocat au parlement de Bretagne le 18/03/1772,
Lieutenant particulier de l'amiraute de Cornouaille en 1772,
Sénéchal des régaires de l'évêché en 1782, receveur des décimes du clergé
en 1782.
Juge de district en 1790 à Quimperlé,
En juin 1796 membre du directoire de l' administration centrale du
Finistère, révoqué après son
mariage,
Juge civil du département à Quimper, président du tribunal criminel du
Finistère.
En 1801 juge suppléant au tribunal civil de 1 ere instance de Rennes,
1806 conseiller de préfecture à Quimper jusqu'à la fin de l'empire,
Avocat à St Brieuc ....
Théophile Marie LAENNEC
marié en 1780 avec Michelle Gabrielle Félicité GUESDON (Dame de Clécunan)
1754-1786
marié en 1795 avec Geneviève Agnès URVOY 1748-1836
Il était le père d'un célèbre médecin :
En 1781, à Quimper, naît
René Théophile Hyacinthe / Théophile René Marie Hyacinthe
LAENNEC
Il sera médecin de la Duchesse de Berry, inventeur de
l'auscultation et du stéthoscope.)
décès en 1826 à Ploaré.