Le 22 septembre 1783 ,
La « Demoiselle Frédérique » ou « Frederika » de Brême,
s'échoue à Plozévet.
Le 22 septembre 1783, de nombreux paysans de Plozévet, Pouldreuzic,et
Plovan, sont assemblés pour la foire d'automne
de Plovan, lorsqu'ils apprennent qu'un navire ''Trois- mâts'' est en train
de s'échouer en baie d'Audierne.
Tous interrompent discutions et marchandages pour courir à la côte et
profiter de l'aubaine en cette année de disette.
Le général et la paroisse de Plozévet furent condamnés à 4000 livres de
restitution, n'ayant rien fait pour prévenir
le pillage et faciliter la position des coupables
C. Legendre, recteur de Plozévet, écrivait à l'Intendant en 1786 :
« La paroisse de Plozévet, dont j'ai l'honneur d’être le pasteur, vous
adresse, par mon canal, les prières les plus
humbles et les plaintes les plus instantes pour obtenir de votre bonté
qu'elle veuille bien lui procurer quelques
secours dans l'extrême misère où elle est plongée.
Cette paroisse n’a absolument d’autres richesses que ses récoltes. Vous
savez, hélas ! que cett e année la
province a été désolée par une stérilité extrême*, et si ce fléau commun
fait gémir toutes les paroisses des
environs, celle-ci s'en ressent d'autant plus que l’excès des rentes
qu’elle paie, et dont il n’y a pas de paroisse
plus chargée sur cette côte, lui en a moins laissé pour sa subsistance.
La paroisse vient d'être condamnée à une amende considérable pour pillage
du navire de Brême, la
Frederika.
Un arrêt du Conseil permet une levée de 4.400 l. pour faire face aux
condamnations énoncées par l’Amirauté
de Quimper.
Ce sont des gens sans biens et sans probité, qui n’ont rien à perdre, ni
du côté de la fortune, ni
du côté de la réputation, qui commettent ces pillages et ces vols
répréhensibles, et ce seront les
honnêtes gens qui seront punis pour le brigandage de quinze ou vingt
coquins, dont plusieurs ne
sont plus dans la paroisse et d’autres sont des paroisses voisines.
Un troisième fléau se fait sentir ici aussi vivement que les deux autres :
une mortalité affreuse désole cette
paroisse. Nous enterrons cinq ou six morts par semaine. — Depuis le
commencement de janvier jusqu’à ce
jour 24 avril, 80 enterrements bien comptés* et plusieurs autres qui ont
recu les derniers sacrements. Nous
sommes quatre prêtres qui courons nuit et jour. — »
* 1783 : 'gripes', fièvre putride, variole, pneumonies, pleurésies,
phtisies....1785 fut une période de grande sécheresse, avec un été de
canicule.
Les quatre prêtres qui signent les actes de décès en avril 1786 sont :
Corentin-Marie Legendre (recteur) ; Y Floch (prêtre) ; H. Quéré, prêtre
curé; Vincent Le Tymen.
[Marc Jannou (prêtre) arrivera durant l'été 1786.]
Corentin Legendre décédera en 1790 au presbytère de Plozévet.
Vincent Le Tymen et Marc Jannou émigreront en Espagne.
L’Intendant fit envoyer une somme de 120 l. pour acheter du pain aux
vieillards, enfants, infirmes et nourrices, et
quelque remèdes (Arch. d’Ille-et-Vilaine, C 1382).
La prébende de Plozévet était au chanoine Duportal, du Chapitre de
Quimper. Cette prébende rapportait, en 1789,
environ 2.000 l. (Arch. du Finistère, 1, G 460).
Relevé du nombre des décès à Plozévet, de 1780 à 1789.
L'an du Seigneur 1784-1785,
l'Europe entière a éprouvé et essuyé le froid le plus violent qu'on ait
ressenti depuis plus d'un siècle, la
neige est restée sur la terre l'espace de plus de deux mois. Certaines
rivières glacées à 15 pieds de
profondeur ont réduit à la plus grande indigence tous les peuples,
particulièrement des campagnes, déjà
épuisés par une guerre longue et sanglante contre les Anglais, mais
heureusement terminée pour la gloire
et le bonheur de la France, qui a obligé après de rudes combats sur mer,
l'orgueilleuse Angleterre à
reconnaître l'indépendance de l'Amérique et à céder à la France et à
l'Espagne nombre de possessions
dans cette partie du monde "
(recteur Alexis Potiron du Chatelier)
Compléments au sujet de ces années 1783, 84, 85, 86,
Partout en Bretagne :
En 2005 Le Télégramme publie :
Du 5 décembre 1783 au 6 février 1784, sévit une période de froid très vif.
Puis deux semaines de pluies
diluviennes. Et la sécheresse à partir de mars (voir note 1.) . Bertrand
de Molleville, qui prend possession de
l'Intendance de Rennes en juin 1784 fait un rapport au roi. Il écrit que
la province souffre d'un accroissement de
paupérisme, de chômage, disette en viande et en lait. Saint-Brieuc,
Guingamp, Quintin, Moncontour, Lamballe,
dit-il, n'ont pas récolté de lin par suite de la sécheresse qui a suivi
les glaces et les neiges de l'hiver.
En 1785, pas une goutte d'eau n'est tombée entre le début février et la
fin juillet. Les foins sont rares. De
nombreuses bêtes à cornes meurent ou sont abattues. En mai 1785,
l'Intendant demande à Calonne, contrôleur
général du roi, que les paysans puissent faire entrer leurs bestiaux dans
les forêts du roi. L'autorisation est
accordée et le roi octroie même à la Bretagne, en juillet 1785, une somme
de 200. 000 livres.
Récolte presque nulle
«On coupait en ce mois les foins», écrit un certain Aubry, médecin de
Vannes, en juin. «Pour cette année, cette
récolte est pour ainsi dire nulle. On craint même pour l'année prochaine.
Les paysans disent que, dans les
prairies, tout est brûlé jusqu'aux racines». L'intense sécheresse atteint
non seulement les foins, mais aussi les
céréales, les lins, les chanvres. Les cours d'eau, les puits sont à sec.
Les bestiaux sont victimes du manque de fourrage. La récolte des grains
est si faible qu'elle assurera seulement
l'ensemencement en automne. Dès le mois de juin 1785 l'Intendant achète
onze milliers de grandes turnips (mot
anglais pour désigner une sorte de navet), qu'il distribue aux paroisses,
à ensemencer avant août, pour la
nourriture des bestiaux. Le Recteur et les habitants de Carnac adressent
une requête au Parlement de Bretagne le
23 octobre 1785 : «Un grand nombre d'habitants de cette paroisse sont
plongés dans la misère par la mauvaise
récolte occasionnée par la grande et opiniâtre sécheresse qui a régné. Les
laboureurs se voient sans pain après
avoir ensemencé et payé leurs seigneurs, encore ne pourront-ils pas payer
ceux-ci ».
Des «ateliers de charité»
Le 18 décembre, l'Intendant, qui a parcouru la Bretagne les mois
précédents, écrit à Calonne : «Jamais la misère
ne fut si excessive, surtout dans les campagnes : on y manque de travail,
on y manque de pain; tous les fermiers
ont renvoyé leurs domestiques et il n'y a pas de paroisses où il n'y ait
un tiers des habitants sans asile, sans
ouvrage et sans ressource pour subsister». Il obtient 100.000 livres et il
les consacre à la création d'«ateliers de
charité» pour employer les personnes sans ressources.
Toutes les productions sont touchées
Le 28 novembre 1785, le procureur général du Parlement de Bretagne
intervient à son tour auprès des paroisses :
«La Bretagne est malheureusement une des provinces du Royaume où s'est
manifestée le plus cruellement la
désolation générale dont l'extrême sécheresse de l'année dernière a été la
cause. Il n'est aucune des productions
les plus nécessaires à la consommation ou au commerce qui n'ait été
considérablement diminuée ou presque
entièrement anéantie».
(note 1.)
En Mars 1786: la grande sécheresse et les vents continus de nord-est
rendent les campagnes arides ; les prairies ne
donnent aucun fourrage ; les foins ayant été rares en été 1785, les
troupeaux sont affamés, et cela continue en avril et
en juin.s
Les paysans vendent leurs bêtes, faute de pouvoir les nourrir. Les
récoltes de céréales sont réduites de moitié, l' avoine
rapportant à peine la semence.
Le parlement autorisa les paroisses à acheter des grains pour distribuer
aux plus pauvres, puis à emprunter jusqu’à 600
livres dans le même but.
Le roi accorda une subvention de 200000 livres, puis de nouveau 100000
livres en décembre.