Le 23 Août 1794 , l'escadron
formé des frégates Flora, Arethusa, Diamond, Artois, Diana,
Santa Margarita, a couru les navires français Volontaire,Espion, et Alerte
sur le rivage
le long de la baie d'Audierne .
Une Gwerz, ''Ar Volonter'' fut écrite en 1863, relatant ce combat ( voir à
la fin).
la Volontaire
Détruite en baie d'Audierne.
Témoignage de Thomas-Marie Lucas, lieutenant des douanes de Plozévet.
(Archives Amirauté 29 - fourni par A.Le Berre))
Thomas-Marie Lucas habitait à la Trinité, dans l'ancien presbytère d'où
l'on voyait tout le sud de la baie d'Audierne.
Transcription (orthographe conservée)
Plozévet le 6 fructidor de l'an2 de la
république françcaise et indivisible
Citoyens administrateurs
Sur les 8 à 9 heures du matin ont a apperçu
nombre de Batiments au nombre de sept qui ont
ont fais et donné la chasse à un vaisseau ou
frégate qui l'ont mis de Bout à terre a la Torche.
Dont cinq font feu sur celui Bout a terre.
Le combat est très sanglant et a commencé à une
heure après midy, et dure dans le moment, on ne
sait positivement pas ce que sont ces vaisseaux.
Mais ont doutte que ces six vaisseaux sont ennemis.
Je vous rendrai compte plus amplementment si....
est compté sur ma sincérité
Salut et fraternité
Lucas
Lt des Douanes
La Volontaire était une frégate toute neuve de 36 canons, « la plus belle
de la République » ;
L'équipage était constitué de 379 personnes. (1 tué et 3 blessés)
Ne pouvant contourner Penmarc'h elle livre combat à 4 frégates ennemies
(Identifiées comme ennemies car elles n'avaient
pas pu répondre au signe de reconnaissance).
Le combat était inégal et, pour ne pas tomber aux mains ''de ces
scélérats'', le capitaine J. Papin envisage de se jeter à la côte
Sur le journal de bord on lit :
''Nous courions toujours sur la terre. Je m'aperçus que je ne pouvais plus
prétendre à doubler Penmarc'h. J'en
passais à une demi-lieue au vent et la frégate anglaise de dessous le vent
commençait à approcher les premières
roches. Elle vira de bord, je vis qu'il fallait prendre un parti décisif.
Je fis passer tout mon équipage derrière et leur dit que mon intention
était de nous embosser le plus près de la
terre et ensuite de nous battre jusqu'à la dernière extrémité, que si
l'ennemi voulait faire des tentatives pour avoir
la frégate, il serait toujours temps de couper les embossures et de la
jeter à la côte, plutôt que de leur laisser les
moyens de s'en emparer. Je vis avec plaisir que tous furent de mon avis.
Les fourneaux à réverbère étaient pleins de boulets rouges prêts à être
envoyés.''
Un témoin de Penmarc'h raconta :
''Nous avons réellement vu une frégate échouée près la terre, portant
pavillon national, que quatre autres qui lui
donnoient la chasse la canonnoient de bien près , celle échouée ripostait
avec opiniâtreté pendant l'action qui a
duré en notre présence environs une demie heure, des boulets de dix huit
d'une bordée ennemie nous ont passé au-
dessus de la tête.[...)''
Après deux heures de combat l'ennemi abandonne mais la Volontaire n'est
pas récupérable et le coffre à signaux contenant
des instructions secrètes est détruit.
Le capitaine Jacques Papin fut cependant félicité par le Conseil de Guerre
pour sa gestion de l'événement.Extraits de la GWERZ ''Ar Volonter'',
écrite à l'occasion du combat de la Volontaire contre les corsaires
anglais et recueillie, en 1863, par F-M. LUZEL.
Chantée en 1863, par Anne Le Pape de Kérity. (publié en 2009, par les
Presses Universitaires de Rennes, dans « Bretagne au
cœur des lèvres », sous la direction de Fanch Postic.)
Vive la République ! Vive la Liberté !
Mont a ran da ganan eur ganaouen newe. Vive la République ! Vive la
Liberté !
Je vais chanter une chanson nouvelle.
Barz en miz aoust diweza an dra-ma', zo c'hoarvêt
Ur fregatenn d'ann Nation war-dâl Penmarc'h collet C'est au mois d'août
dernier qu'arriva ceci,
Une frégate de la nation se perdit sur la côte de Penmarc'h.
Ur fregatenn d'ann Nation war-dâl Penmarc'h collet.
A ao daou lestr d'ar Saoz er mor euz hi gwedel. Une frégate de la nation
se perdit sur la côte de Penmarc'h.
Des navires des Anglais étant à guetter dans la mer.
Casset a zo deomp kêlou, d'ar c'habitenn lizer
Evit sortial er-mês, da ober ar c'hroisier ; On nous envoya la nouvelle et
lettre au capitaine,
Afin de sortir, pour faire la croisière.
A-benn daou pe dri de ma oamp-ni sortiet
A oe seis lestr d'ar Saoz er oamp-ni digwezet. Au bout de deux ou trois
jours que nous fûmes sortis,
nous rencontrâmes sept navires anglais.
Ma oemp-ni estonet, calz contristet
O welet e-touez ar Saoz ez oamp-ni digwezet. Nous fûmes étonnés, beaucoup
furent contristés,
De voir que nous étions tombés parmi les Anglais.
Ar c'habitenn a lâre neuze d'he varteloded :
- Allas ! Allas ! Bugale, mont a raimp en ur ponted ! Le capitaine disait
alors à ses matelots :
Hélas ! Hélas ! Mes enfants, nous irons sur un ponton !
Alla!allas ! Bugale mont a raimp en ur ponted !
Dont a ra'r Soazon war-n-omp, evel chas arajet. Hélas ! Hélas ! Mes
enfants, nous irons sur un ponton !
Les Anglais viennent sur nous comme des chiens enragés !
Ar re-man oa citoyaned, hac ho defoa calon
Doa tachet 'n bec ar wern vraz pavillon ann Nation. Ceux-ci étaient des
citoyens, des hommes de coeur
Et ils avaient cloué le pavillon de la Nation au haut du grand mât
Le temps était beau, le vent debout,
An amzer a ao caer, an aêl oa a-benn,
Stanket oa dre-holl ouzimp, mont a recomp d'ann Dorchen. Le passage nous
était fermé partout, il fallait aller à la Torche
Ar c'habitenn a lâre, en dorgenn p'eo arruet :
Gwelet brema bugale, a combatti a rafet ? Le capitaine disait, arrivé à la
Torche :
Voyez à présent mes enfants, voulez vous combattre ?
-Vive la République ! Vive la Liberté !
Capitenn, ni gombatto, bete coll hon buhe ! -Vive la République ! Vive la
Liberté !
Capitaine, nous combattrons jusqu'à perdre la vie !
Lakit an tan er forn, a lakit-han d'eoc'h- tu,
ma iafemp da gombatti brema gant boulou ru ! Qu'on allume la fournaise, et
tout de suite,
Pour que nous combattions avec des boulets rouges !
Criz a vije a galon, mar n'hen dije goelet
En corn aod ann Dorghenn ann hini vije bet, Il eut été dur de cœur, s'il
n'eût pleuré,
Celui qui eût été au coin du rivage de la Torche,
O welet ar boulou ruz, ho gwelet o c'hoari,
Eno gant ar Volonter a oa o combatti. En voyant les boulets rouges ; en
les voyant jouer,
là, avec le Volontaire qui combattait.
Hac ar c'henta boulet ho deveus bet tennet,
Ann Angageant diout-ho a zo bet reculet : Et au premier boulet qu'ils
lancèrent,
L' Engageante s'éloigna d'eux,
Hac evit ober d'hê em renta en ho falso
Gant ar voleet kenta ho d-êus collet kourach. Et pour leur faire se rendre
à leurs places :
A la première bordée ils avaient perdu courage.
Ar Volonter a c'hede eno en ho hichenn,
na pa d'eûs gwelet unan a oa o vont da denn' La Volontaire guettait près
d'eux,
Quand il vit un qui allait tirer
[1794], Vol. 53 (Fructidor an II; 18 août-21 septembre 1794) (Baudouin,
Paris)Volontaire, Espion et Alerte .
'' Décret relatif à deux actions navales qui ont eu lieu dans la baie
d'Audierne, et mention honorable de la conduite des
marins et canonniers qui y ont eu part.''
[08-09-1794] {22-fructidor-II} Du 22 fructidor.
Un membre, qui a reçu de plusieurs témoins oculaires le récit de deux
actions navales qui ont eu lieu, le fructidor, dans la
baie d'Audierne, ajoute aux détails déjà donnés par le représentant
Bréard, au nom du comité de salut public,
• que la supériorité des forces ennemies n'a servi qu'à redoubler le
courage des équipages français ;
• que les canonniers employés sur les forts se sont réunis aux marins pour
combattre & repousser les six frégates
anglaises ;
• qu'on s'est battu, pendant plus de six heures, avec un acharnement qui a
peu d'exemple ;
• que la pluie de boulets & de mitraille, lancée par les ennemis, n'a
pu ébranler un seul instant le courage des marins
défendant le pavillon tricolore, ni ralentir le feu des canonniers qui le
soutenoient de leurs batteries ;
• qu'après le combat, tous les citoyens d'Audierne & des environs se
sont réunis aux autorités publiques pour voler
au secours des blessés & concourir au sauvetage de la frégate &
des deux corvettes échouées pendant l'action ;
• que l'une d'elles est déjà relevée & prête à reprendre sa croisière
;
• qu'on a l'assurance de ne rien perdre des canons, agrès & voilures
des deux autres,
• qu'on peut être sans inquiétude sur la défense de cette partie littorale
de la république, gardée par de vieux marins
qui naissent avec la haine des Anglais, et qui ne permettront jamais à ces
féroces ennemis de souiller le territoire
confié à leur garde.
La convention nationale ordonne l'insertion de ce rapport au bulletin de
correspondance, & décrète qu'il sera fait mention
honorable ou procès-verbal de la conduite des marins & canonniers qui
ont eu part aux combats livrés le 6 fructidor dans la
baie d'Audierne, & de celle des citoyens qui, après l'action, se sont
empressés de voler au secours des blessés, & de
concourir au sauvetage des navires échoues.
8 thermidor an2 (cahiers du district_Plozerche)
...s'est présenté le capitaine de la frégate "l'Espion" qui a demandé un
certificat de sa conduite et celle de son
équipage dans la journée du six de ce mois.
le directoire, d'après ses informations et les rapports qui lui ont été
faits par des citoyens dignes de foi, lui en a
délivré un dont la teneur suit :
''Nous, administrateurs du district de Pont-Croix, certifions sur le
témoignage public et celui du président
du district et des officiers de la garnison des témoins du combat du 6 de
ce mois, que l'équipage de la
corvette "l'Espion" a fait la plus vigoureuse défense quoiqu'échouée sur
la gamelle [??], qu'il n'a cessé
pendant au moins 3 heures de tirer sur les 2 frégates anglaises qui le
couvraient de mitrailles, que l'équipage
n'est sorti du navire qu'après avoir vu la corvette se pencher, qu'on ne
pouvait plus faire le service des
batteries, que les canots ont fait sous la mitraille de l'ennemi 3 voyages
pour sauver l'équipage et que le
capitaine est sorti du bord le dernier tenant à la main le pavillon
national et qu'il est venu dans cette attitude
avec le reste de son équipage à terre au milieu d'une grêle de mitraille
et en chantant l'hymne des
Marseillais.''
page 101 droite
le directoire vu l'arrêté de la commission administrative du département
en date du trois fructidor.
L'agent national entendu.
arrête 1° que la municipalité d'Audierne donnera au citoyen Petit,
réclamateur des vins et eaux de vie provenant du
naufrage du navire "la Rosalie seconde" [la Rosalie II ?? ]la liberté de
disposer des deux tiers des dits vins et eau-
de-vie.
2° le tiers dû aux sauveteurs et en réquisition aux administrés du
district et à la garnison au maximum. La
valeur sera comptée par la municipalité aux sauveteurs.Espion (18 guns),
52 prisonniers, plus de 30 blessés
Alerte (18 guns), de 20 à 30 blessés
(vaisseaux attaqués par Flora et Aréthusa et détruits en face d'Audierne)
Selon le capitaine de l'Aréthusa, anglais Pellew (ci-contre), il y eut
plus de 50
prisonniers:
. Vu par E. Pellew :
'' The Flora and myself kept our wind in case he should tack, the other 4
continued going
large.
When it cleared she had bore up and was Hull down. Of course we were out
of Question,
but seeing two Ships like Frigates coming out from the land to windward of
us, the Flora
and ourselves gave Chace and at half past four had drove them for shelter
in a little bay
- enclosed for your understanding where we had a fine exercising day for 2
hours and
compleatly dished the Alert and L'Espion both Sloops of War lately taken
from us.
I brought my Ship to Anchor to burn them, after silencing the Batteries,
and went on bd
in my boat under a good deal of fire from the shore.
I found them both full of water with the Rocks through them besides our
shot holes - we had difmasted them both and
shockingly treated them, they lost in Kiled and Drown'd full roe Men.
I found 47 Wounded between decks.
It was now dark and no means of moving these Mifserably wounded Wretches -
and I could not for my Soul set her on fire
under such Circumstances.
Satisfied they were compleatly destroyed, I left them, after bringing away
about 70 people - we were very fortunate in
having no person hurt altho we have several shot in our hull, 36 prds.
The four Frigates to Leeward did not execute their businefs so compleatly
- they jointly battered her when on shore but
never made her strike or dismasted her - in short they should have
Anchored and boarded, but Capt. Faulkner my old thick
head friend would not let them but called them to come to our afsistance
because the fire was very heavy and he could not
turn up to us under 2 hours - however she was upon hard Rocks on an open
Coast and down on her Beam ends-since which
we have had a 2 days Gale right upon . . . so that no doubt she is
irrevocably lost and so no more.''
Little comment on this action is necessary.
The combat was too unequal to gain much credit for the victors.
Unfortunately, it seems to be a matter of some doubt
whether either the frigate or the two corvettes were actually destroyed.
L'Espion at least was not, but was on the contrary
floated off and afterwards recaptured. It is possible that, in the dark,
Pellew overestimated the damage the corvettes had
sustained. Needless to say, he was not blamed for refusing to destroy
them. After returning to Falmouth, he received an
answer to the letter he had sent to Lord Chatham narrating the details of
this affair.
Vu par les Français :
''Batailles navales de la France''
1794
Epave de l'Alerte (en????):
épave ensablée- gouvernail doublé cuivre intact.
Canons encore présents.