En 1906 à Plozévet... L'inventaire des biens de l'Eglise, d'après le Courrier de l'Ouest, journal anti-Le Bail Lundi 12, était le jour fixé pour l'inventaire à Plozévet. Dans les paroisses environnantes on avait hâte de voir ce qui arriverait dans cette commune, qui a pour maire le fanatique Le Bail. L'agent du gouvernement serait-il plus heureux là qu'ailleurs ? Les amis du député blocard [ ie anti-religieux] l'espéraient. Partout ils avaient répandu le bruit qu'il n'y aurait pas d'inventaire à cause de la chute du ministère. L'événement leur a donné raison... à moitié. Effectivement, il n'y a pas eu d'inventaire, mais ce n'est pas parce que le ministère était tombé, c'est parce que la population a empêché de faire cet inventaire. Quand le délégué du gouvernement arrive au bourg, une foule considérable est massée aux abords du cimetière entourant l'église. Il y a dans cette foule quelques personnes de Mahalon et une trentaine de solides gars de Plouhinec ; le reste est de Plozévet. Fait significatif à la veille des élections, les hommes sont venus plus nombreux que les femmes. Tous sont bien décidés à résister, et cependant, les portes de l'église ne sont pas gardées. A quelqu'un qui conseille de mettre des hommes à ces portes on répond : « Pas besoin ; ni agent ni gendarme n'entreront au cimetière ; biken ne deuint er veret!ne hellont ket mont beteg an iliz. » Pendant que sonne le tocsin, le délégué est entré au presbytère où il dresse le rapport de carence. A l'heure marquée il se dirige vers l'église. A ce moment, de divers côtés partent des cris de :« Vive la liberté ! A bas Le Bail ! » L'agent veut avancer. Impossible : il est sur le point d'être renverser et doit se retirer devant l'attitude hostile de la foule. Bravo les gars de Plozévet. Après le départ de l'agent, la foule est entrée à l'église où on a chanté le Crédo et donné la bénédiction du St Sacrement. Puis M. le recteur [ Ollivier. Henry] a remercié ses paroissiens, d'être venus si nombreux témoigner leur foi et défendre l'église dans laquelle eux et leurs enfants ont reçu le baptême. Quand on décidera le crochetage, peut-on espérer que M. le Bail voudra bien s'en charger ? Ce serait justice !