Autrefois à Plozévet A la foire aux gages en 1911, le coup de parapluie. ici, à Pontivy au début du 20ème siècle [ Image Wikipedia Ce 26 décembre 1911... La foule était au rendez-vous et l'alcool coulait à flot dans le cabaret Kérisit et dans la toute nouvelle salle Donnart. Le Citoyen du 6 janvier 1912 raconte le déroulement d'un fait divers tragique, au bourg de Plozévet, le jour de la foire aux gages du samedi 26 décembre. [ Le 11 décembre déjà, (voir n°9 de la gazette Autrefois à Plozévet ) une tragédie avait secoué le quartier.] L’existence de cette « foire aux gages » ne se limitait pas au Finistère, ni même à la Bretagne : Partout en France, une fois l’an, se déroulait sur les places des gros bourgs cette rencontre maîtres/futurs domestiques. L’engagement des saisonniers se faisait sur le champ de foire. A Plozévet c'était en bas du bourg, le dernier samedi de décembre. Jamais de contrat écrit : échange de paroles et une tape dans la main, en public, puis un verre offert par le maître au cabaret du coin, suffisaient à conclure le recrutement. Les journaux donnent des détails difficilement supportables, que nous ne donnerons pas ici : le compte rendu du procès est suffisant.Texte paru en avril 1912, dans « Le Citoyen » : compte rendu du procès. Nos lecteurs se rappellent sans doute le drame rapide qui se déroula le 26 décembre dernier à Plozévet. Ce jour là se tenait la foire aux gages. Il y avait, comme de coutume, beaucoup d'affluence au bourg et de nombreux consommateurs dans les débits. Deux groupes, composés de patrons et de domestiques, se trouvèrent à un certain moment dans le cabaret tenu par M. Donnart. Une discussion s'éleva entre les nommés Kérourédan et Gentric père. On, se sépara en échangeant quelques menaces. Un hasard malheureux fit rencontrer de nouveau les deux groupes vers la fin de la journée. Cette fois, une rixe éclata et le nommé Mazo, fermier à Plouhinec et allié des Gentric, saisissant soudain son parapluie, en porta un coup de pointe au domestique de Kérourédan, Alain Hélias. Le coup, porté avec une certaine force, car Mazo est extrêmement vigoureux, , atteignit Hélias à l'oeil gauche. La pointe du parapluie pénétra dans l'orbite en crevant la paupière, brisa la voûte crânienne et pénétra dans le cerveau. Hélias tomba à terre comme une masse, sans un cri. Il ne tarda pas à expirer. Jacques Mazo comparaît aujourd'hui devant le jury sous l'accusation de coup mortel. C'est un homme de 37 ans, marié et père de 4 enfants qu'il fait vivre de son travail. Il jouit d 'une parfaite considération dans la commune. A l'audience, Mazo exprime ses regrets de l'acte fatal qui termina cette journée mouvementée. On entend ensuite de nombreux témoins qui donnent de longs détails sur cette malheureuse affaire. M. Brunier, substitut, prononce un réquisitoire modéré contre l'accusé dont il reconnaît la bonne conduite habituelle. Mais une peine effective lui paraît nécessaire car l'acte irréparable doit avoir une sanction. Me Le Bail fils, qui assiste l'accusé au banc de la défense, s'efforce de démontrer quel rôle la fatalité a joué dans cette affaire tragique. Il supplie le jury de se montrer indulgent envers un homme qui en fut, lui aussi la victime, et demande son acquittement. Après une courte délibération, le jury rapporte un verdict négatif sur toutes les questions. Jacques Mazo est acquitté. Audience du 23 avril 1912. Alain Hélias, 46 ans demeurant à Kerennou (Beuzec?), laisse une veuve sans ressources et 7 jeunes enfants Mazo, interrogé par les magistrats aurait déclaré ne se souvenir de rien, tellement il était ivre. Le document présenté ci-contre raconte le recrutement et la vie des domestiques de ferme vers 1900. Il est consultable sur http://bibliotheque.idbe- bzh.org/data/pdf/conditions_des_serviteurs_ruraux_bretons_choleau Il est commenté sur Persee par Henri SEE. Repas des valets de ferme vers 1900:Deux images du site du drame La rue servait de place de village et de champ de foire : ici ce sont des danseurs qui évoluent. Après 1910 : la ligne électrique alimentant Audierne traverse Plozévet. La salle de danse Donnart est visible sur l'image.