La Dépêche de Brest – 9
juillet 1927-- page 4 Les pêcheurs de Poulhan La grève des sardiniers est
terminée. Un journaliste de La Dépêche de Brest nous livre ses impressions
sur la vie des pêcheurs de Pors Poulhan durant ce début des années 1920.
L'article peut être lu in-extenso, dans son contexte, dans les pages du
journal numérisé. Ci-dessous le texte est encadré Des illustrations ont
été ajoutées On nous écrit : Les pêcheurs de Pors Poulhan lors de la crise
sardinière. Au centre de la baie d'Audierne, à la limite des deux grandes
communes de Plouhinec et de Plozévet, s'ouvre une petite crique de cinq
cents mètres de profondeur sur moins de trois cents mètres de large, c'est
le petit port de Poulhan où viennent, tous les soirs, se réfugier de
trente à cinquante barques de pêche . Mes amis, les pêcheurs de Poulhan
n'ont point le confort des pêcheurs de Douarnenez, d'Audierne ou d'autres
villes. Ici point d'eau profonde, pas de grandes barques, pas de
digue-abri, pas de cale de débarquement.Un muretin, pas trop solide , qui
soutient au-dessus de la haute mer une petite plateforme. Deux treuils
pour hisser leurs bateaux qui dormiront à sec sur le terreplein, voilà
quel était jusqu'ici leur modeste avoir. Il y a un an on les a dotés d'un
canot de sauvetage_ merci pour eux__ et d'une sorte de phare dont ils ne
sont pas très fiers. Une route vicinale rattachait le port à Plouhinec et
à Audierne, le seul débouché pour la vente de la pêche. Soit par terre,
soit par mer, le voyage n'était pas facile et nos pêcheurs arrivaient
souvent en retard. Ils n'étaient pas non plus toujours bien reçus par les
grands frères d'Audierne ...Souvent les mareyeurs avaient leur compte de
poisson et les envoyaient au diable. Tout cela n'était pas très
encourageant. Depuis deux ans, grâce à M. Le Bail, député-maire de
Plozévet, une belle route neuve de deux kilomètres, bien nivelée,
surplombant la mer de cinquante mètres (La Corniche) relie Poulhan à la
route de Plozévet, à la grève et à la route de Quimper. Le chemin attire
la voiture et le commerce. Les mareyeurs sont venus ; ils ont conclu des
arrangements avec les pêcheurs et maintenant, tous les jours, un camion
automobile vient prendre la marée au petit port et l'envoie aux usines,
aux halles de Quimper et même au train de Paris. Voilà qui est bien, mais
voici ce qui est mieux encore. La côte en 1855 selon la carte
d'Etat-majorEntre le port de Poulhan et le port goémonier du Gorré, la
Corniche traverse un méné de quinze cents mètres de long sur huit cents
mètres de large en moyenne. C'était autrefois, m'a-t-on assuré, un beau
communal sur lequel on faisait sécher le goémon. Un beau jour, quelques
gros s de Lestréouzien, grand village en bordure de la plaine, se
partagèrent le méné et en devinrent propriétaires. Maigre acquisition.
Depuis des milliers d'années ce méné n'avait rien produit, pas même
quelque chose que l'on puisse appeler de l'herbe. Là où la roche ne
montrait pas son crâne dénudé et blanc, il ne poussait que de la bruyère
et de l'ajonc nain qui n'atteignait pas quinze centimètres. Il fallut les
pêcheurs de Poulhan pour découvrir là le trésor dont parle le laboureur de
La Fontaine . Près du port, du côté de Plozévet, cinq ou six maisons
forment le village de Poulhan et sont habitées par des pêcheurs. Les
autres logeaient dans les villages des environs. Après la guerre , l'un
d'eux désirant être chez lui et moins loin du port, acheta quelques ares
de méné. On les lui vendit cinquante francs l'are. Après son retour de
mer, aidé d'un ou deux collègues il se mit bravement à extraire la pierre
qui se montrait un peu partout dans le lot, à préparer les fondations de
sa maison et l'entourage de sa propriété. Si pendant des siècles la
bruyère et l'ajonc n'avaient guère poussé en hauteur, les racines avaient
bien travaillé en profondeur. Les pêcheurs furent aussi surpris que vous
et moi de trouver tant de terre noire. Il y en avait même entre les
pierres à des profondeurs incroyables. Dans la moindre dépression du
terrain, la couche d'humus descendait jusqu'à soixante et même
quatre-vingts centimètres . Après avoir retiré la pierre nécessaire aux
constructions, on combla les carrières, on égalisa les niveaux. Alors la
couche de terre ne fut pas très épaisse, mais fertilisée par l'engrais
marin qui était à portée de mains, elle produisit une première et belle
récolte de petite pois, pommes de terre, choux et autres légumes, tout
comme un jardin de Roscoff. Emerveillés par un si beau résultat, tous les
pêcheurs qui avaient quelques économies s'empressèrent d'imiter le premier
pionnier. Aujourd'hui, soit le long de la Corniche, soit éparses dans le
haut du Méné, on compte plus de vingt cinq maisons neuves ayant toutes un
grand jardin, même parfois un vrai champ. C'est vraiment beau, c'est
admirable et il faut l'avoir vu pour le croire. Années 40- La Corniche et
le Méné Gored, au fond .Ce n'est pas fini et on continue à bâtir, mais il
y a quelques petits nuages à l'horizon. Les premiers acheteurs ont choisi
les meilleurs endroits. Du côté du Gorré il y a plus de pierres et moins
de terre. Les propriétaires veulent quand même vendre les terrains plus
chers. Et puis, les spéculs naissent avec les occasions et des malins qui
n'iront jamais gratter la terre du Gorré. achètent des lots, comptant bien
les revendre aux pêcheurs attardés. Je me permets de faire appel aux
administrs du crédit agricole et du crédit immobilier du Sud. Je crois
qu'en faisant connaître le fonctionnement de leurs utiles institutions à
vos pêcheurs jardiniers, ils pourraient venir en aide et trouver en même
temps un placement Un petit appui, d'où qu'il vienne, un simple
encouragement à ceux qui n'ont encore pu bâtir et dans moins de cinq ans,
le vieux mémé chauve et désert, ne sera plus qu'un superbe jardin, piqué
ça et là de jolies maisons blanches. J'ai longtemps cherché un nom pour ce
charmant village. J'ai pensé d'abord à Bellevue ; Beauregard, Bel-Air,
Hauterive etc... Il pensera aussi à la bonne soupe chaude qu'il trouvera à
son arrivée, soupe bourrée de légumes non achetés à Brumphuez, mais venus
dans son jardin grâce à son travail et à ses soins assidus. Plus d'une
fois, après avoir débarqué son poisson ; il refusera d'aller au cabaret
pour être plus tôt à son jardin. Vérité reconnue, le jardin est l'ennemi
du cabaret. Pêcheurs de Poulhan, mon désir est que votre exemple soit
suivi par tous les pêcheurs des nombreux petits trous de le côte bretonne.
Je vous admire et, en attendant de vous serrer la main, je vous souhaite
une bonne chance. Article signé '' P. S.'' COMPLEMENTS I. Les pêcheurs
membres de l'équipage du canot de sauvetage, en 1926. L'équipage du Jeanne
David. (Marins se Plouhinec et Plozévet) L' Ouest-Eclair écrit : Le Corre
Maurice est né à Plozévet en 1883. Comme les autres, la mer le prit de
bonne heure. Sa barque, la Geneviève, nourrit ses sept enfants. Nous
donnons ci-dessous la composition de l'armement du Jeanne-David : Le Corre
Guillaume (), Trépos Guillaume, Colin Guillaume, Trépos Henri, Jannic
François, Le Dréau Jean, Le Bars Jean, Le Berre Venoc, Burel Guillaume, Le
Berre Michel.Recensement : 1926 à Poulhan et Ménez Gored II . Les marins
de Pors Poulhan (Plozévet) -- AD29-- recensement de 1926 : foyers des 16
marins-pêcheurs [ abrégé : ] marin pêcheur chez son père Trépos Jean 1888
Trépos Alexis 1909 personnes Gourret François 1885 Gourret Narcisse 1910
personnes cf fiche à la fin dit Fanch Du ( en 1926) Gourret Henri 1858 dit
Henri Du, père de Fanch Kersaudy Guillaume 1901 . (gendre) Gella Henri
1911 Péron Marguerite 1882 journalière Ansquer Jean 1867 Ansquer 1900 chez
son père Colin Guillaume 1885 Le Dem Henri 1876 + 2 ( parti à Paimboeuf
avant 1931) Le Dem Jeanne 1838 Trépos Yves 1872 Le Meur Yves 1899 Ansquer
Guillaume 1899 dont épouse commerçante chez beau-père Cabillic Jean 1878
Cabillic Guillaume 1908 chez son père Trépos Henri 1882 chez Ansquer
Baloin Joseph 1877 Trépos Jean-Marie 1896 Vve Cabillic Marie 1886 chez
YvesAu Ménez Gored : 13 marins- pêcheurs (notés : ) Le Dréau Alain 1868
personnes dont sa fille Le Dréau Jean-Marie 1887 Pérennou Yves 1854 Le
Dréau Alain 1896 Vve Stéphan Le Goff Pierre 1875 Le Goff Yves fils1910
Gourret Alain 1899 Vve Trépos dont fils Jean 1908 Le Corre Maurice 1883
Kerloch Louis 1873 Kérourédan Henri 1889 Buanic Jean 1899 Youinou
Jean-Louis 1898 Gourret Henri 1889 Le Bars Yves 1872 Ansquer François 1896
Cabillic Corentin 1857 Moris François 1869 Gadonna Pierre 1900 Gourret
Narcisse 1887 Mazo Yves 1866 III. ??? - usine Larzul marin commerce
Témoignages Ci-dessous un témoignage (encadré) de Jean-Luc Hasle paru sur
son site internet www.audierne-les-dundees-motorises.com NB : '' Tonton ''
est un terme couramment employé pour désigner une personne adulte, même
sans lien de parenté, mais faisant partie des relations et que l'on estime
ou respecte.« Tonton Fanch était l'une des figures de Pors Poulhan ( parmi
d'autres ) où il a passé toute sa vie de marin. Né en 1885, il mourut en
1976 chez ses enfants, à 91 ans. Il avait un caractère bien trempé ( c'est
le moins qu'on puisse dire ) et son surnom de "Fanch Du" lui allait
parfaitement, même si c'est son père "Henri Du" qui le lui avait
"transmis". Il ne parlait que quelques bribes de français, n'ayant jamais
été à l'école, ce qui ne l'avait pas dispensé d'accomplir cinq ans de
services militaires à cause de la guerre 14-18 et bien qu'étant père de
trois enfants... Il connut diverses fortunes avec ses différents bateaux,
trop grands pour rester au mouillage de Pors Poulhan, ils étaient amarrés
dans le port d'Audierne ce qui l'obligeait à faire ses 7 km à pied et en
sabots de bois à 2 ou 3h du matin pour aller en mer et, bien sur, 7 km
pour rentrer le soir à Pors Poulhan après une dure journée de mer. Tant
qu'il le put, il alla en mer sur son canot, "L'Oiseau Blanc", tout de noir
coaltaré, toujours à la godille, pour mouiller quelques casiers et filets
plus ou moins licites, mais celui qui aurait oser en faire la remarque à
Fanch, se serait pris une bordée d'injures en breton bien sur, dont il
n'était pas avare !!! C'était la dure vie de tous les marins du Cap Sizun
au début du vingtième siècle, Tonton Fanch était mon grand-père.''
Identification par un ancien aujourd'hui décécé : De gauche à droite,
selon lui : Michel Gella ; Y ves Le Meur, Je an Violant, Fanch Gourret ;
Narcisse Gourret (Cisse) ; Alain Gourret ( dit tonton Lan ou encore
Locoutou)