Dimanche 10 juillet 1938 à Plozévet,
CONGRES de L'U.B.C.
(Union bretonne des Combattants)
Monsieur Campinchi, ministre de la Marine arriva à 9 heures à l'aérodrome de Pluguffan, très récemment ouvert.
On se souvient qu'en 1937, ce fut Jean Zay qui honora la commune de Plozévet de sa présence.Dans La Dépêche on lit ;
''Le matin, dans la grande cour de l'école Georges Le Bail, 3 000 anciens combattants assistèrent à
l'assemblée générale présidée par M. Pierre Burin.
Aux côtés du président se tenait M. Volvey, président de la commission des revendications matérielles de
la Confédération nationale des combattants, secrétaire général de la fédération nationale des prisonniers
de guerre, secrétaire départemental de l'Union départementale des A.C. et victimes de guerre de la Seine,
qui avait tenu à témoigner à ses camarades bretons toute le sollicitude des organisations qu'il préside.
Dans leurs discours ils rendirent hommage aux « poilus » et insistèrent sur les revendications légitimes et
urgentes des A.C., en particulier sur celles qui ont trait à l'ajustement des pensions et au droit au travail
des anciens combattants.
Ils évoquèrent aussi la situation internationale qui oblige les Français à une grande vigilance , sans
exclure le grand désir de paix pour tous.
L'U.B.C. déclara que l'Europe ne pouvait reprendre une vie normale tant que l'obsession de la guerre
persistait. Il fit appel à tous les citoyens pour réaliser l'union des Français dans le respect des idées et des
croyances et la confiance dans les destinées de la France et de la République.''
A 11 h30, M. Campinchi, accompagné des autorités, se rendit sur le lieu de la réunion pour la remise des décorations
au son de la musique de la flotte.
Une courte cérémonie se déroula ensuite devant la dalle à la mémoire des marins du vaisseau « les Droits de
l'Homme ».
Le cortège s'arrêta longuement devant le Monument aux Morts où M. Albert Le Bail prononça un discours :
« Ce matin, le congrès de anciens combattants a évoqué les grands problèmes matériels et moraux qui les
intéressent.
Tout à l'heure, la joie des rescapés de la grande guerre s'exprimera librement, avec cette amplitude qui
s'apparente à celle qu'au retour des lignes éprouvaient ceux qui pouvaient dire : « Ce n'est pas encore pour
cette fois-ci ».
Mais voici maintenant, le moment sacré, le moment le plus émouvant de cette journée, celui que nous
consacrons à nos morts.
Mais l'ombre de nos morts vit toujours dans nos cerveaux et dans nos cœurs.
Aussi notre monument, que la nature couvre d'un manteau de simples fleurs des champs, bretonnes, voit-il
aux jours anniversaires s'accumuler des bouquets que déposent des mains pieuses .
[...]
Il porte gravé dans la pierre les seuls noms des soldats et marins de Plozévet, mais aujourd'hui, de par la
présence des anciens combattants venus des diverses régions du Finistère, il devient un autel élevé à la
mémoire de tous nos morts bas bretons devant lequel s'inclinent bien bas ceux qui vivent et sont restés
libres grâce à leur sacrifice .
[...]
Tout à l'heure, nous avons évoqué l'héroîque mémoire des héros de la Révolution.
Oh ! Soldats de l'an II. Gloires. Epopées.
Contre les rois et leurs épées.
C'était alors contre l'Anglais que nous luttions. Il est devenu aujourd'hui notre ami. Grande leçon que doit
dégager notre amour de la paix.
Maintenant ce sont les morts de 1914-1918 que nous honorons d'abord par le seul hommage vraiment digne
d'eux, par notre silence ému, puis la grande et poignante musique des équipages de la flotte, puis par
quelques paroles de souvenir.
[...]
Souvent lorsque la France était aux abois, qu'elle désespérait presque, il s'est trouvé des têtes et des
poitrines bretonnes plus dures que le fer de l'étranger.O ia dar brezel paotred ter
Paotred vad e seven ar guer.
Hommes impétueux à la guerre
Hommes bons chez eux.
Sur les tombes de nos camarades, nous proclamons notre amour de la paix et notre amour de la
France et nous faisons devant nos Morts le serment d'être dignes d'eux ».
Le cortège se rendit ensuite dans le hall de l'usine des conserves Bretagne -Provence*, mis gracieusement à la
disposition des organisateurs par M. Feuza, et dans lequel un banquet de 1800 couverts fut servi.
*usine de la Trinité
[ C'est le personnel de l'hôtel-restaurant « Nannic » qui assura le service ;
1800 convives, cela posa quand même quelques problèmes !! ]
La journée se termina par un concert de la musique des équipages de la flotte, dans la cour de l'école Georges
Le Bail.
César Campinchi fut un militant associatif étudiant, puis un avocat et homme d'État français
(°4 mai 1882 à Calcatoggio, Corse-du-Sud - +22 février 1941 à Marseille, Bouches-du-Rhône)
Membre du Parti radical-socialiste, il exerça le mandat de député de la Corse à 2 reprises, de 1932 à 1940.
Il présenta, au printemps 1937, une proposition de loi concernant le droit et la protection des mineurs.
Il présida le groupe parlementaire radical-socialiste de 1936 à 1937.
Son élection à cette fonction par 49 voix contre 47 à Georges Bonnet fut un succès pour l'aile gauche, plus
favorable au Front populaire.
D'après Wikipedia