De décembre 1901 à juillet
1903,
Pilleurs d'épave à Plozévet...
Les retentissements de l'affaire du ''Frisia''
Image d'un Trois mâts-barque de 3000 tonneaux,
semblable au Frisia.
Le 16 décembre 1901, le Frisia (appelé d'abord Prisia, puis Fresia) est
venu s'échouer, vers trois heures de l'après
midi, sur les rochers de Kérity.
Venant de Pensacola et se rendait à Brême.
La nuit suivante il a dérivé jusqu'à l'est de l'île Nona où les vagues
furieuses l'ont détruit, emportant sa cargaison
composée essentiellement de bois, de résine et d 'essence de térébenthine
.
Les bateaux d'Audierne et de Poulgoazec ont trouvé, à 12 milles au large,
de nombreuses barriques d'essence qu'ils ont
déposées au bureau des douanes.
A Penmarc'h, une soixantaine d'hommes, employés par la marine, ont tenté
de sauver les débris du bâtiment et de sa
cargaison .
Sans nouvelle de l'équipage, porté disparu, ils n'ont pu recueillir que
trois portraits dessinés au fusain.
Les jours suivants des barils d'essence arrivèrent sur le rivage de
Plozévet, pour le bonheur (éphémère) des riverains et de leurs amis
qui firent fi des droits de bris .
La presse en fit des rapports détaillés qui ont été résumés dans les
lignes qui suivent.
Image importée
Le 28 juillet 1903 le tribunal correctionnel de Quimper jugeait «
L'affaire du Frisia » qui impliquait une vingtaine de riverains de
la côte plozévétienne.
Quarante sept personnes ont comparu, ce jour là, pour pillage d'épave ou
recel.Certains, paysans ou marins-pêcheurs, habitent dans la zone côtière.
Les autres sont des commerçants espérant tirer un bon profit de
la revente de l'essence de térébenthine.
Il était admis que la douane et la marine avaient, par leur négligences,
permis de faire ce commerce à découvert, par la route et par
voie ferrée.
Une anecdote a un peu détendu l'atmosphère du procès :
Daniel Le Goff de Plozévet qui n'avait recueilli qu'un seul fût plein, en
trouva un autre vide et imagina
de le remplir d'eau pour le vendre à M. Albaret de Pont Croix qui le
revendit... personne n'osa porter
plainte pour ce fait !
Bien entendu, les receleurs-revendeurs ne savaient pas ....
Articles de presse
Les défenseurs , M. de Chamaillard et M. Le Bail, font ressortir l'inertie
de l'administration qui laissa cette
marchandise,
de provenance illicite, circuler de jour comme de nuit, dans les
charrettes et les voitures.
Dans son réquisitoire, le substitut, M. Mauranges, divise les accusés en
trois catégories ;
• Les pêcheurs et riverains qui ont recueilli les épaves. Il demande pour
eux l'indulgence du tribunal.
• Ceux qui ont opéré le transport des fûts dont ils ne pouvaient ignorer
la provenance. Il demande qu'ils soient
considérés comme complices.
• Les marchands : M. Maurange s'appesantit sur les conditions
invraisemblables des transactions et réclame pour eux
une peine plus sévère.
Parlant de Mme Joncour qui avait jusqu'ici une réputation irréprochable,
il estime qu'elle a fait taire ses scrupules pour
réaliser de gros bénéfices.Le verdict :
Puis en novembre :
La côte de Plozévet au niveau de Poulbréhen, dans les années 1950.
[A l'horizon on distingue le moulin à vent de Kéringard]
En annexe, ci-après :
Voici le rapport des sauveteurs, d'après les annales du sauvetage maritime
de 1901: