3 thermidor an VIII,
La dernière épave de Jean Guennec,
cordonnier vagabond et coureur de grèves,
en pension chez Yves Canévet, à Brigoulaër.
EST
OUEST
Transcription du procès-verbal du juge de paix Alain Julien (3 thermidor
an VIII)
Publié sur AD29
(l’orthographe et la ponctuation du document original ont été respectées )
Cadastre de 1828- les villages de Brigoulaër et de Kerbouron.
« 3 thermidor an 8
L’an huit de la république française une et indivisible le trois
thermidoronze heures
du matin, nous allain julien juge de paix Du canton de plozevet
département du
finistère ayant avec nous pour rapport le citoyen jean le Guiader notre
Greffier,
certifions et rapportons que sur la requisition de yves cannevet le fils
âge de quarante
huit ans demeurant au lieu de Brigoulaër commune de plozévet nous nous
sommes
accompagné du notre dit Greffier et dudit cannevet Exprès transporté
jusques et à la
côte de Kerisdemet en ladite commune de plozévet et y étant arrivé sur les
onze
heure et demie à midi, le dit cannevet nous a fait voir et avons vu un
masculin jetté
par la mer sur le rivage, Gissant la face contre terre et Etant tout nud
ayant seulement
ses souliers aux pieds, paroissant âgé d’environ vingt six a vingt sept
ans ; tailled’environ cinq pieds cheveux noirs, sourcils idem ; visage
rond ; Menton idem ; nez
long et plat ; Bouche Grande ; Lequel cadavre par nous visité et Examiné
En
présence de jean louis Malscoet agent Municipal demeurant à Kerongar an
abadez et
allain Le Guellec demeurant à Keristemet, tous les deux de ladite commune
de
plozevet que nous avons appelés en L’endroit à cet effet, à défaut de
trouver Des
officiers de santé sur Le Lieu, et attendu l’absence du celui de la
commune de
pontcroix, nous n’avons vu ni apperçu sur le dit cadavre, aucune Blessure,
ni aucune
autre Marque à laquelle on pourroit attribuer la cause de sa mort, si ce
n’est qu’il
nous paroit qu’il a été noyé ; en L’endroit ledit yves cannevet fils a
déclaré
reconnoitre ledit cadavre pour celui de jean Guennec, cordonnier demeurant
chez lui
en pension audit lieu de Brigoulaër Duquel dit cannevet Le serment requis
pris de
dire vérité, il a fait la déclaration suivante savoir qu’il y a neuf mois
que ledit
Guennec est chez luy En pension à raison de soixante dix huit francs par
an ; et
que ledit guennec lui doit Cinquante quatre francs pour pension ne luy
ayant rien
payé depuis qu’il y est ; qu’il n’étoit pas hier à la maison lorsque ledit
Guennec partit
pour aller à la côte y chercher des effets provenants du droit de l’homme,
comme il
y avoit été souvent auparavant, qu’il ne fut pas plus surpris que
d’entendre hier
environ dix heures du matin qu’il étoit noyé ; qu’il se transporta sur le
champs à la
côte de Kerisdemet pour voir si cela étoit vrai, qu’y étant rendu il ne le
vit pas ; Et
ayant trouvé son chapeau et son Bâton qui étoient venus à terre par la
marée
montante, il les prit et les transporta chez lui ainsi que ses hardes
qu’il avoit laissées
sur les rochers lorsqu’il fut dans la mer, et ne sait autre chose
interpellé de signer sa
déclaration dont lecture lui a été faite, il a déclaré ne le savoir faire.
Après quoi nous avons pris les déclarations des personnes ci-après
dénommées que
nous avons trouvées en l’endroit, d’après en avoir Egalement pris le
serment requis
de dire vérité, comme suit. François kerourédan âgé de vingt six ans
demeurant au
lieu de kerisdemet même commune de plozevet déclare qu’etant, le deux de
ce mois
à travailler à reparer le toit de sa maison audit lieu de Kerisdemet, il
vit Environ les
neuf heures du matin le nommé jean Guennec cordonnier demeurant en pension
chez yves cannevet le fils au lieu de Brigoulaer audir plozevet aller à la
côte portant
un Bâton sous le Bras et le vit même descendre à la côte vis-à-vis de
Kerisdemet,
qu’après cela continuant son ouvrage il ne le vit et ny pensa plus ; Mais
qu’environ
une heure après ayant entendu dire que ledit Guennec étoit, il fut de
suite à la côte
pour savoir La vérité du fait et y étant rendu et y étant rendu il ne le
vit pas ; Mais
quelque tems après, il vit son chapeau et son Bâton venir à terre avec la
marée
montante il vit Ensuite ledit yves cannevet les prendre et les emporter
avec lui ainsi
que les hardes dudit Guennec qu’il avoit laissées sur les rochers, et
qu’aujourd’hui il
a entendu dire que le cadavre dudit Guennec a été trouvé à cette côte
environ dix
heures du matin, et ne sait autre chose, interpellé de signer sa
déclaration dont la
lecture lui a été faite, il a déclaré ne le savoir faire.Marie jacq femme
jacques helias, âgée d’environ vingt huit ans demeurant audit
lieu de Kerisdemet commune dudit plozévet déclare quelle fut hier environ
les dix
heures du matin à la côte vis-à-vis le loc dudit Kerisdemet pour laver du
linge et elle
vit un homme bien avancé dans la mer Bien près de l’endroit où le vaisseau
du droit
de Lhomme à fait nauffrage, et y étoit entré jusquà ses épaules que tôt
après, elle le
vit tomber dans la mer, ainsi que son Bâton qu’il tenoit en mains et
qu’après cela,
elle ne le vit plus, qu’il étoit impossible à elle de lui porter ni de lui
procurer aucun
secours, puisqu’il étoit si avancé dans la mer ;qu’elle qu’elle vit son
chapeau et son
Bâton venir à terre avec la marée qui Montoit et quelle entendit alors les
autres dire
que c’étoit jean guennec cordonnier de Brigoulaer audit plozévet, et que
quand son
cadavre a été trouvé à cette côte a dix heures ce matin, elle L’a reconnu
pour etre
celui dudit Guennec, et ne sait autre chose ; interpellé de signer sa
déclaration dont
lecture lui a été faite, il a déclaré ne le savoir faire.
D’après les déclarations des dits françois kerouredan et marie jacq et
celle du dit
yves cannevet et de plusieurs autres personnes de cette commune ici aussi
présentes
de reconnoitre Ledit cadavre pour être celui dudit jean guennec cordonnier
De
Brigoulaer audit plozévet nous avons de l’avis des dits Malscoet et
Guellec permis
audit yves cannevet fils de le faire inhumer comme tel et ce suivant
l’usage et la
coutume conformément à la loi*, après qu’il aura été préalablement vu et
visité par
un ou deux officiers de santé.
Dont et de tout ce que Dessus nous avons fait et dressé le présent
procès-verbal sur
les lieux à valoir et servir ce que de raison, sous nos seings et celui
dudit Malscoet
agent Ledit allain Le Guellec interpellé de signer a déclaré ne savoir
signer».
Malscoet
agent
allain julien
juge de paix
Le Guiader
Greffier
« Enregistré à Pont-Croix le 21 thermidor an 8 Reçu un franc plus dix
centimes pour la subvention de guerre ».
Dumanoir
Le décès n'est pas inscrit sur l'état civil de l'an 8 à Plozévet.
L'Ordonnance de la Marine de Colbert, en 1681, interdit l'inhumation des
pilleurs
d'épaves dans le cimetière de la paroisse.
Les corps sont enterrés dans le sable de la côte ou sur la falaise. (cf
aussi à Poulhan en 1749,
pour les pilleurs d'alcool du ''Deux frères '' de Rouen.