Autrefois à Plozévet . . .
À la chapelle de la Trinité :
Le culte de Saint-Herbot
Saint Herbot, le patron des bêtes à cornes, est vêtu d’une robe de
moine avec camail à capuchon et d’un scapulaire blanc.
Il tient dans la main gauche une crosse et un livre fermé sous le bras
droit. Cette statue, daterait du début du XIX e siècle.
Sources des textes qui suivent :
Vie des saints en Armorique par Albert le Grand (Gallica) ; La
Bretagne païenne 1900 par Austin de Croze (Gallica) ; La Revue des
Revues - oct 1900. ; Foi et laïcisme (enquête pluridisciplinaire des
années 60.)
Voir aussi Tal ar Sonerien n°4.
Statue de la chapelle de la Trinité
Saint Herbot est né en Grande-Bretagne au 6 ème ou 7 ème siècle d'une
famille noble et pieuse.
Il vint très jeune en Armorique et vécut en ermite dans la forêt de
Berrien.
Comme beaucoup de saints-ermites, il domestiqua un loup et les animaux
sauvages lui obéissaient.
Il possédait une paire de bœufs blancs infatigables qui pouvaient
rendre des services aux paysans, à
condition qu'ils soient ramenés avant le coucher du soleil.
Saint Herbot est invoqué contre les maladies des bovins et des chevaux
dont il est également l'un des
protecteurs.
Il favorisait également la production et la qualité du lait et du
beurre. Il était considéré comme l'un des
saints les plus puissants de Bretagne, on lui offrait aussi des cornes
bénies, du crin, des mottes de beurre,
des longes de chanvre, des génisses et aussi parfois de fortes sommes
d'argent.
Dans la chapelle du village de Saint-Herbot, des dizaines de queues de
vaches pendaient à gauche du
maître-autel et le curé en revendait le crin aux enchères, on en
faisait des brosses .
En Bretagne, le pardon de St Herbot
avait lieu traditionnellement le
vendredi précédant le dimanche de la
Trinité.
A Plozévet, les deux fêtes se
confondaient.
C'est le dimanche après les vêpres, que
se déroulait la vente aux enchères du
beurre, des œufs et de la volaille que
les fidèles déposaient aux pieds de la
statue, dans la chapelle ou sur les
marches du calvaire, sous la
surveillance
des
épouses
des
fabriciens.Il arrivait parfois que le soleil de juin fasse se ramollir
dangereusement le beurre, des Plozévétiens qui étaient enfants
dans les années 50 ont pu le constater !
On dit que des génisses y furent également offertes.
Dès le premier compte de la Trinité, en 1682, il est mentionné que le
beurre était revendu en pots après avoir été salé.
Cette année-là l'abbé Plouinec signe « curé de la Trinité ».
En 1743, les comptes de la fabrique mentionnent l'achat d'un pot de
terre pour assaisonner le beurre d'offrande : 12
sols.
En 1900, le recteur était Olivier Henry, un homme digne et respecté,
qui disait être gêné et navré de ses habitudes
mercantiles auxquelles il devait se livrer pour respecter la tradition.
Ces habitudes durèrent encore plus d'un demi-siècle !
En 1900, Austin de Croze fut témoin des scènes qu'il décrivit ainsi:
« Trois heures viennent de sonner ; des groupes nombreux se portent
vers la
délicieuse et antique église dont le clocher émerge au travers d'un
bouquet
d'arbres. Le curé va procéder à la vente aux enchères du beurre, des
œufs , de
la volaille et, me dit-on de quelques génisses, tous dons apportés en
fétichiste
volition à Saint-Herbot de la Trinité ou saint Erbot, car les recteurs
bretons
aiment à varier l'orthographe de leurs saints.
Pour nous être attardés auprès de groupes intéressants, de cantines
étranges,
nous arrivons à l'église alors que les enchères, faites au pied du
calvaire
finissent. Mais, du moins dès l'entrée du lieu saint, nous avons
l'intense
surprise de voir, adossé à un pilier de la nef – au centre, et à gauche
– un autel
improvisé, surmonté de la vieille effigie, en bois naïvement fouillé et
peint, de
Saint Erbot que flanquent deux antiques et fort jolies lanternes, par
quoi un
tronc de respectables dimensions est rendu plus visible ; sur l'autel,
des
molettes et des molettes de beurre, 400 livres me dit-on. Va-et-vient
de sabots,
des gens entrent et sortent qui enlèvent tout ce beurre sous la
surveillance du
curé, un fort digne homme, me renseigne-t-on, très navré au fond de ces
habitudes. »
Le calvaire en 1913, vu de l'est. -Photo le Bail-
La célébration religieuse était suivie d'une fête profane, souvent
sujette à des débordements :
Sous la protection de
St Herbot , la foire du
lundi de la Trinité vers
1900.
par Austin de Croze
(numérisé par Gallica)
Danse à la Trinité en 1900-
par Austin de Croze (numérisé par Gallica)En 1844, dans un arrêté, le
maire écrit :
L’an 1844, le 1 er mai, nous, Jacques Le Guellec, maire actuel de
Plozévet, voulant prévenir les abus
auxquels la danse donne lieu très souvent dans le champ de foire de la
Trinité, ordonne ce qui suit :
Art 1 er : La danse commencera à une heure et finira à 6 heures
précises du soir.
Art 2 ème : Défense expresse aux jeunes gens de porter des bâtons en
quenouille pendant la danse.
Art 3 ème : La présente ordonnance sera affichée sur le champ de foire.
Le chef de police municipale et le
gendarme sont chargés, chacun en ce qui le concerne, de tenir la main à
son exécution.
En mai 1858, Pierre Julien écrit :
« Monsieur le commandant de la gendarmerie ;
J'apprends à l'instant que Mr le Colonel de la gendarmerie doit passer
en revue les militaires de cette
arme le 30 et le 31 de ce mois.
Ces deux jours ont lieu à Plozévet le pardon et la foire de la Trinité,
foire qui est une des plus
importantes du département, le concours de la gendarmerie, ce corps qui
dans toutes les circonstances
nous a rendu de si utiles services, est indispensable à Plozévet
pendant ces deux jours si l'on veut qu'il y
ait un peu d'ordre dans ces assemblées.
Je vous serai très obligé, Monsieur Le Commandant, si vous aviez la
bonté de laisser à ma disposition
pour ces deux jours 30 et 31 mai, les gendarmes de la brigade de Pont
Croix qui font d'ailleurs le
service de la commune. »
La presse du 19ème siècle mentionne aussi des tenues de jeux de hasard,
au mépris de la loi, et des
condamnations à de la prison ferme !!
Plus près de nous, vers 1955,
L e photographe, Jean Bourdon, a immortalisée une scène rare :
Le recteur Bervas en blouse de travail et sabots de bois, participe au
nettoyage de l'intérieur de la chapelle,
probablement en vue du pardon. Il est aidé par son vicaire, le bedeau
et des fidèles.