Autrefois à Plozévet, Dans les champs de Plozévet , en juillet 1937. Les premiers doryphores découverts à Merros. En juillet 1937, on pouvait lire dans le journal ''Le Finistère '' : Plozévet A Merros, on découvre le doryphore.-- L'autre jour, M. Jacques Guéguen, cultivateur à Moulin-Goff, en Plozévet, était occupé à visiter ses pommes de terre, et eut la désagréable surprise de découvrir, collé aux feuilles des plantes, un insecte d'une couleur ressemblant fort à la coccinelle, mais quelques instants après, il s'est rappelé qu'il se trouvait en présence d'un foyer de doryphores qu'il s'est empressé de déposer à la mairie, où il lui fut délivré un bon d'arséniate *à prix réduit, pour combattre cette petite bête qui fait d'énormes ravages. L'arséniate est en vente au dépôt du syndicat agricole (**). Il faut, en principe tabler sur 2kg. d'arséniate par hectolitre d'eau et sur 800 litres d'eau par hectare à traiter. Tous les cultivateurs qui découvriront le doryphore sont priés d'aviser la mairie. *Arséniate de plomb. ** Route de Pont L'Abbé : on y vendait aussi, en toute confiance, des bâtons de dynamite pour extraire des pierres des carrières ou pour creuser un puits !! En août 1924 déjà, Le conseil municipal de Georges le Bail fit observer que les champs étaient envahis par les mauvaises herbes, en raison de l'été pluvieux et du manque de main d' œuvre dû à la guerre. Il constata également que les céréales se développaient mal et que les maladies de la pomme de terre entraînaient des pertes considérables, aussi décida-il la mise à disposition de pulvérisateurs à tracteurs et à dos d’homme, avec démonstration dans les champs en 1925, par des équipes d’ouvriers, aux frais du département.La « bête du Colorado » Le doryphore est originaire de l'Amérique du Nord, plus précisément des montagnes Rocheuses où il se cantonna jusqu'en 1850. Il se nourrissait alors d'une espèce sauvage, voisine de la pomme de terre. Ensuite, la culture de la pomme de terre s'y généralisa et son parasite suivit, préférant la variété cultivée. En 1876, tout le territoire américain est touché, les doryphores empruntant le Pacific Railway allant de l'Ouest à l'Est . L' Angleterre est colonisée en 1901. En 1917, le doryphore est rentré en France aux environ de Bordeaux, par voies maritimes en provenance des Etats-Unis dans des bagages personnels ou dans des caisses de végétaux exotiques. Le doryphore possède peu de prédateurs. Les œufs , larves et nymphes sont néanmoins vulnérables, mis en évidence par leurs couleurs vives. Le doryphore dont les larves dévorent les feuilles de pommes de terre, fait l'objet d'une destruction systématique, et les produits utilisés à cette époque sont très toxiques , souvent cancérigènes (arséniates, ricin...). Plus écologique, le ramassage manuel est long et peu ragoûtant.. En 1924, la ''chimie bienfaitrice'' faisait officiellement son entrée dans l'agriculture de Plozévet, avec l'approbation de tous !! Anecdote : Le doryphore a véritablement commencé à envahir la France en 1940, période où l'Allemagne faisait de même. Les deux appréciant nos "patates", et la rondeur des casques évoquant celle des carapaces, les soldats allemands sont très vite devenus des "doryphores" qui n'hésitaient pas à se servir copieusement dans les réserves des habitants. L'utilisation de l'arséniate de plomb dans la lutte contre les doryphores a été interdite en 1971 seulement. L'interdiction d'utiliser des dérivés minéraux de l'arsenic en viticulture date de 2001. ( source : doc pour le médecin du travail- n°100) Pas de méthode miracle si la colonie est bien installée ! Aujourd'hui.....BAYER a sa méthode tolérée, l'agriculture BIO a le sienne... Le lin bleu est un répulsif sans danger, moins efficace cependant que la terrible datura qui attire et tue les doryphores. [mais très toxique au moindre contact, pour l'homme aussi.] Restent les poules qui en raffolent !Vers 1845 c'est le mildiou qui détruisit les récoltes Un fléau encore d'actualité, que Jean-Marie Déguignet a évoqué dans ses mémoires. Les années 1844-45-46 furent des années de famine en Irlande et au centre Bretagne. Les débuts d'étés humides y favorisèrent le développement du mildiou qui détruisait les récoltes. Ce fut l'une des causes des émigrations massives vers le Canada . Les zones côtières de Bretagne ne furent pas épargnées, bien que les variétés de pommes de terre y étaient moins sensibles. Voici le témoignage de Jean-Marie Déguignet (1834-1905), extrait du livre « Mémoire d'un paysan Bas-Breton » p 48-49 La mort subite des pommes de terre . « Puisque entre 44 et 45 je n'ai à signaler aucun incident extraordinaire dans mon existence de pauvre mendiant, je vais arriver de suite à la mort des pommes de terre qui arriva en juillet 45. On sait quel désastre, quelle effroyable disette causa cette mort subite des pommes de terre chez les Irlandais autant que chez nous, pauvres Bas-Bretons, qui ne vivions que d'elles et de pain noir. [...] Après les accusations portées contre les pauvres, les domestiques et le bon Dieu lui-même, vint le tour du diable. La maladie, qui commença d'abord à attaquer les feuilles de pommes de terre, était noire comme du charbon, donc elle ne pouvait provenir que du chef du noir empire. Ces feuilles avaient une telle puanteur que ça ne pouvait être que l'odeur des grillades de l'enfer. Les feuilles grillées et rôties, les tubercules en bouillie, c'était bien là l'image des damnés dans la fournaise. »