Autrefois à Plozévet
L'arrivée de l'électricité.
Nous commencerons par un poème écrit pour les enfants.
Nous l'apprenions à l'école , il évoquait les soirées des années sans électricité, sous l'éclairage de la lampe à pétrole
Sous la lampe
Moi, j'aime bien la lampe
qui dessine un grand rond
sur la table, où j'invente
des animaux sans nom.
Autour de l'ombre noire
Que je fais sur le mur
Rampent, tels des lézards,
De grands monstres obscurs.
Mais je n'en ai pas peur.
Si je lève le bras,
Ils fuient, tels des voleurs
Surpris au coin du bois.
D'ailleurs, ma mère est là :
Le loup ne viendra pas.
(Maurice Carême _ 1899-1978)
C'était l'époque des lanternes ''Tempête '' et des lampes ''pigeon''
Poursuivons par quelques notes chronologiques sur l'arrivée de
l'électricité à Plozévet :
Vers 1910 à Plozévet , une ligne électrique traversait le bourg pour desservir Audierne depuis Pont L'Abbé .
( un poteau est visible sur la photo qui suit)
La population était totalement ignorante de la nature de ce « produit » qui circulait ainsi au-dessus du mur de
l'ancien cimetière, le long de la rue d'Audierne.
Le vendredi 8 décembre 1911, un terrible orage s'abattit sur Plozévet et la foudre tomba sur le clocher et le
vent mit à terre un fil électrique:Le journal «Le Finistère » rapporta le drame qui suivit, provoqué par une imprudence due à l'ignorance des dangers
de ce « fluide » invisible et impalpable .
Nous avons relaté dans la gazette N°6 ''Autrefois à Plozévet'' *, le fait divers tragique qui coûta la vie à un
homme tentant de sauver une fillette:
*
voir le site de H&P ou le site de la mairie.
Les années après la guerre
(d'après les registres de délibération des conseils municipaux):
Janvier 1923
Eclairage public : le maire rappelle l'utilité d'un éclairage public qui donnerait satisfaction à la population et
assurerait la sécurité et la facilité des communications.
Décision : principe d'adhésion au syndicat intercommunal de Plouhinec et Audierne.Mrs Cabillic et J. et Gourret A.
sont désignés pour en faire partie.
? Vote de 600F pour installer le téléphone à la mairie.
Mars 1923
Eclairage électrique : création d'un syndicat intercommunal ; règlement et cahier des charges.
? Bureau de poste : devis approuvé. Vote de 2000F et demande.
juin 1923
? Projet de distribution d'électricité.
Désignation de Jean Louis Peuziat comme commissaire-enquêteur.
Mars 1924
Eclairage électrique : mise à l'enquête du dossier
Juin 25
Eclairage électrique : demande renouvelée pour l'admission au syndicat d'intercommunalité d'électrification
d'Audierne. Représentants : Gourret et Peuziat.
Novembre 1926
Eclairage électrique : enquête publique. Julien Jacques, ex second-maître électricien de la Marine est
commissaire enquêteur.
? 200F pour réparer le bureau de poste.
Janvier 27
Eclairage électrique : PV d'enquête, avis très favorable.
Août 27
Eclairage public : pour 18 lampes le coût est 8125F ; pour les bâtiments communaux il est 3250F ; en
plus branchements et location des compteur. Vote de 15000F.
Novembre 29
Electrification des campagnes : demande de délai de réflexion.Les écarts ne sont pas encore concernés.
Premières demandes et pétitions.
Années 30
Sept 31
Electrification rurale : ajournée car trop de dépenses en ce moment.
Fev 34
Electrification : nouvelles études de prix.
35
Extension du réseau d'électricité :
? Sur 100m sur la N 784 vers Quimper.
? Sur 180m à travers la rue neuve, de la maison Cudennec à l'école des filles.
Immédiat.
Nov 35
Prolongation du réseau d'électricité : s'en tenir au devis du 29.04.1935.
? Eclairage public : demande de devis pour le carrefour de « la vierge ».
janvier 36
Eclairage public à la Vierge : acceptation du devis de 380.16F
mars 36
Réseau électrique : Une pétition des habitants de Scantourec, Brumphuez, Leurré, Pen-ar-Pont demande
l'électrification. Avis fav.
juin 37
Electrification des campagnes : Mr le maire est délégué auprès du syndicat d'intercommunalité
d'Audierne.
Juillet 38
Eclairage public : devis de 1460F pour 3 lampes supplémentaires au bourg. Fav.
Après la guerre, les premiers transformateurs sortent de terre dans les
villages (poste n°3 à Brumphuez);
Mai 40
Electrification des campagnes : construction du poste n°5 et extension de la zone desservie par le
n°2 au bourg. Accord à un emprunt sur particulier.
? Remplacement d'urgence de Jean Peuziat, secrétaire
déc 40
Nomination d'un délégué au Syndicat intercommunal d'Electrification d'Audierne : Corentin Le Goff (Le
Moulin)
fev 42
Extension du réseau électrique en vue des battages à l'électricité : plans et devis jusqu'à La Trinité :
40 000F. 60% de subvention de l'état et 10% pris en charge par le concessionnaire, il reste 12 000f pour la
commune.
Approuvé ; Mr Jaffry peut signer. Le conseil demande d'utiliser les 20 000f du BA 1941 non utilisés.
04 42 Acquisition de matériel de battage électrique par le Syndicat Intercommunal d'Audierne
un poste sur remorque, un transformateur, un moteur Alstom 15cv, 3* 100m de cables : 130 000f à la
charge du Syndicat qui fait un prêt à 3 ?% au crédit agricole, emprunt garanti par la commune pour 15 600F.Avril 46
Crédits de remise en état de l'éclairage public supprimé depuis le début des hostilités : la
société Lebon demande 16 157.40F. Voté.
Déc 47
Electrification des écarts : elle sera financée par un emprunt sur particulier à 3% sur 30 ans.
D'abord les gros villages : 750 personnes dépendent du poste n°3 à Brumphuez, Kéringard, Poulhan. La
réalisation sera immédiate.
Juin 51
Electrification de Brumphuez : 8 articles.
Aout 51
Electrification rurale : versement de 6 000 000F au percepteur d'Audierne.
? Prorogation de durée du syndicat d'électrification d'Audierne créé en 1924 pour 40 ans ; Les emprunts
dépassent cette durée, prorogation de durée illimitée décidée.
Les registres suivants n'ont pas encore été relevés.
Jean Bourdon a été le témoin de l'apparition des poteaux et des
transformateurs dans nos campagnes :
Inauguration du transformateur de Kermao .
•
(Photo Jean Bourdon pour Le Télégramme) 1954
Ce fut une belle fête en présence des élus de la commune (Le maire, Noël Larzul, est au premier plan) , des notables de la
région , de responsables de l'EDF, du recteur Bervas et des enfants du quartier qui avaient été dispensés d'école.
Le transformateur fut même béni par le recteur .
L'arrivée de l'électricité était saluée comme un pas vers la vie plus facile : quelques lampes au plafond et achat d'un
fer à repasser CALOR ou THERMOR, pour commencer...Le samedi 25 juin 1955 on inaugurait le transformateur de Pouldu.
Jean Bourdon était là...
Quelques dizaines d'années plus tard ces postes-tours furent démolis avec précaution et remplacés par
des boîtiers plus esthétiques .
Vers 1960 : les écarts du nord de la commune sont électrifiés. Des alignements de poteaux de ciment traversent la
campagne.Terminons par un coup de chapeau à Jean Le Berre, une personne
exceptionnelle qui a marqué la vie des Plozévétiens pendant cette
période.
Les renseignements qui suivent sont issus de
souvenirs personnels, de l'article publié par le
bulletin municipal de Plovan en 2014, et des
hommages publiés en mars 2014 par la presse
locale, lors du décès de Jean Le Berre de
Lesneut
(dit Jean Berre)
Photo empruntée au bulletin municipal de Plovan.
Jean Berre est né le 1er juin 1928 à Lesneut.
Son nom restera associé aux formidables progrès engendrés par l'électrification dans le Pays bigouden
au début des Trente glorieuses.
Diplômé de l'école centrale de TSF à Paris, il a commencé sa carrière de radioélectricien à Lababan en
1948. Il s'est définitivement installé à Lesneut après l'arrivée du courant en 1952.
L'arrivée de l'électricité a marqué le développement de l'électroménager dans les foyers de la région de
Plozévet. Jean Le Berre a effectué nombre de branchements, a vendu et installé une multitude de
machines à laver, de chauffe-eau, de postes TSF d'abord, puis de téléviseurs noir et blanc, puis couleurs.
Il intervenait aussi pour les installations de chauffage.
Il assurait, bien entendu, un service après-vente rapide et efficace.
C'est lui également qui s'occupait bénévolement de la sonorisation des fêtes religieuses ou profanes.
Au nord de la commune de Plozévet, nous avons eu l'électricité en 1957 seulement:
Dans les fermes le coût de l'installation dépendait du nombre de lampes dans la maison et dans les
crèches
Les fers à repasser étaient proposés au même moment, Jean Berre vendait des Thermor et des Calor.
La radio vint un peu plus tard : bien entendu c'est Jean Berre qui avait les meilleures !
Pour la télé on a attendu la fin des années 60 : un poste Philips.
En cas de panne, aucun problème !
Après un court délai de réflexion, Jean Berre souriait et disait ''J'ai ce qu'il faut !'' ''Je vais faire ça !''
Jean Berre savait tout réparer : un tournevis et un fusible faisaient souvent l'affaire !
Lorsqu'il a pris sa retraite, on l'a bien regretté.
Il s'est éteint à son domicile en 2014, à 85 ans.