Une information entendue dans cette circonstance était, bien entendu,
réputée fiable. Pour le signifier, l’expression bretonne consacrée était : "
Embannet eo bet war ar groaz" ou " Lavaret eo bet war ar groaz" " On l’a
annoncé sur le calvaire calvaire." ." Celle-ci est justifiée par le fait
que, dans la plupart des communes, le messager était juché sur un calvaire
lorsqu’il proclamait les annonces, ce qui n’était pas le cas à Plozévet, du
moins au XX e siècle. Il n'avait pas de tambour, c'est spontanément que la
foule, habituée s'approchait de cette pierre à la grille de l'enclos.
Démètre Bosser (1902-1997) né à Kerguelen, qui a succédé à Jacques Le Neer
en 1955, préféra quant à lui, ne pas prendre la parole en public. Il fit
installer un panneau d’affichage où il apposait les informations provenant
de la mairie. Il a exercé cette fonction jusqu’en 1975. Démet, qui était
également cordonnier, apportait aussi les messages aux personnes qui, pour
diverses raisons, ne pouvaient se rendre au bourg le dimanche matin. 1
Autrefois à Plozévet....... N° 3 La transmission des nouvelles A Plozévet,
jusqu'à la fin du 19ème siècle, les habitants étaient presque tous illettrés
et ignoraient le français. Les annonces officielles, les ventes aux
enchères, les publications des bans, les faits divers....étaient lus à la
sortie des offices religieux par le tambour afficheur, afficheur le garde
champêtre ou tout autre représentant de la loi, qui placardait aussi les
textes sur la porte de l'église. C'est du haut de cette pierre, auprès d'un
pilier de la grille de l'enclos paroissial, que le tambour afficheur faisait
connaître les nouvelles officielles aux habitants, à la sortie de la messe.
1946, 1946 la foule attend les nouvelles à la sortie de la messe. Les
annonces officielles en 1689 (d'après un acte notarié) Dans des temps un peu
plus reculés, le facteur profitait aussi de ce moment pour distribuer le
courrier. Transcription partielle de l'acte Cliché Dan LAILLER, 1946 Photo
R.M.N "....à l'issue de la grande messe dominicale dite et cellebre ledit
jour en leglise paroissiale de Plouzevet par messire allain Legoff prêtre de
ladite parroisse et comme le peuple sortant en affluance hors de ladite
église douoir loffice divin Il aurait hors lieu sainte en landroit
accoustume de faire les bannyes et proclamations de Justice bannye et
proclamée à haute et intelligible voix et fait scavoir, en vulgaire langage
françois et brethon à tous ceux qui voudroient faire valloir et mestre à
prix.... "2 Après la Révolution...... Charles Le Guellec se plaint au préfet
de ne plus pouvoir communiquer avec ses administrés. En effet l'évêché ne
nomme aucun prêtre à Plozévet, prétextant qu'il n'y a pas de lieu convenable
pour les accueillir. Les habitants ne se rendent donc pas régulièrement au
bourg et l'information ne passe plus. "Plozévet, le 10 mars 1817 Le maire de
la commune de Plozévet à Monsieur le Préfet de Quimper, Monsieur le Préfet,
Depuis huit mois la commune de Plozévet composée de 2500 âmes est privée de
prêtres. [...] Sans offices nous ne pouvons publier les ordonnances de sa
majesté, avertir les contribuables de payer leurs contributions, ni les
personnes de corvée pour les routes vicinales. Si ses intentions étaient de
nous en accorder un, nous nous offrons à lui fournir un logement convenable
en attendant que nous ayons fait réparer l’autre.... " En 1896, 1896 le
conseil municipal se plaignait de la difficulté de communiquer avec
l'extérieur de la commune : pour 4000 habitants, il y avait un seul facteur
et deux jours étaient nécessaires pour communiquer par lettre avec Audierne
ou Pont Croix. Les élus réclamaient un bureau de Poste. Il sera créé en 1906
et un bâtiment sera édifié, route de Quimper (actuelle crêperie). Le
recensement de cette année 1906 nous apprend que Pierre Le Quéré, veuf de 75
ans, est messager communal et qu'il habite au bourg chez sa nièce Marie
Marguerite Le Goff, épouse de Michel Gourret. Il décède en 1911, à 80ans.
Demandé en 1906, le téléphone sera installé à la mairie dans les années qui
suivent. Le facteur devient gérant du téléphone et distributeur de
télégrammes. En 1908, c'est A. Bourdon, Bourdon tailleur d'habits à
Lesplozévet qui occupe cet emploi. On trouve des allusions à cet emploi dans
les délibérations des conseils municipaux pendant la période 1912-1945 En
1912 le messager communal est Michel Gourret du bourg. Il sera mobilisé en
1914 et Jacques le Guellec occupera l'emploi jusqu'à son remplacement par
Jean Marie Strullu en 1920. Michel Gourret, handicapé par suite de la
guerre, ne reprendra pas son service. Il sera par la suite employé au
service de la famille Le Bail . En 1920, c'est Jacques Le Neer qui est nommé
aux fonctions de tambour- tambour - afficheur, à partir du mois de mai. 3
Plus tard, de 1943 à la fin de la guerre, les conseils municipaux
mentionnent Démet Bosser, son gendre, à cet emploi. Il semblerait pourtant
que Jacques Le Neer ait rempli ces fonctions bien plus longtemps. François
le Nay devient le messager du téléphone. téléphone L'emploi de messager
communal et de tambour-afficheur sera conservé jusqu'en 1975. en 1946,
Jacques Le Neer lit des annonces à la sortie de la messe. En arrière- plan
on distingue la boutique de " Noun ", le coiffeur. Derrière, tout au fond de
la cour, se trouvait la petite maison où " Maï Penn Du " vendait ses
bonbons. Beaucoup s'en souviennent ! Cliché Dan LAILLER, 1946. Photo R.M.N
Portrait de Jacques Le Neer (1873-1955) Il est né à La Trinité, mais une
fois marié il a habité au bourg où il exerçait la profession de tailleur et
de brodeur bigouden. Il a aussi occupé la fonction de messager communal
jusqu’en 1954, à une époque où une partie de la population était encore
bretonnante monolingue et souvent illettrée. (Le secrétaire de mairie,
Jacques Le Neer était son fils). Sa tâche consistait à aller, à pied, porter
les plis provenant de la mairie, y compris les cartes d’électeur, dans les
foyers de toute la commune. En outre, tous les dimanches, entre la messe de
7 heures et celle de 9 heures d’une part, et à l’issue de la grand-messe
d’autre part, juché sur une pierre située tout près du portail de l’enclos
paroissial, il proclamait les annonces, en français sans doute, mais aussi
en breton. Il recevait de la mairie les informations rédigées en français et
les traduisaient "de tête", en breton. Il n’écrivait pas ses traductions,
n’ayant jamais appris à écrire le breton . Des témoins se souviennent qu’il
commençait ses interventions par : "Chilaouit mad ! An eil lavaro d’egile! "
" Ecoutez bien ! Vous rapporterez les informations inf ormations aux
autres!" autres! " Il lui arrivait souvent de demander à l’un ou à l’autre
de bien vouloir passer à la mairie : " An den- den - mañ den zo pedet da
basea base a dre ar mairie. mairie . " " un tel est prié de passer à la
mairie." mairie ." Lorsqu’un match de football devait se dérouler au stade
de la Trinité l’après- midi, il l’annonçait aussi; par exemple : "War
dachenn an Drigned Drig ned en em gavo Paotred Dispount." Dispount. " " sur
le stade de la Trinité les Paotred Dispount seront opposés à La Ploz. Ploz .