Dans ce qui suit, l'article publié par la Revue Philanthropique
de 1909
et signé par le
Dr Hébert, évoque la santé des nourrissons :
''A la consultation de nourrissons de Plozévet, chaque mois, le
quatrième jeudi, dans
l'après midi, nous pesons régulièrement, M. le secrétaire de Mairie et
moi, tous les enfants
présents. A chacun est attribuée une fiche spéciale ; aussi rien de
plus aisé, de plus simple,
de juger d'un coup d’œil, de contrôler les variations de poids
mensuelles. Les mères elles
mêmes n'ont pas tardé à s'intéresser à ce genre de contrôles et à se
rendre compte de
l'importance des pesées. Quand, d'aventure, l'enfant n'a pas augmenté
de poids durant le
mois écoulé, ou s'il a perdu de son poids, elles comprennent qu'il leur
faut redoubler de
vigilance et de soins et acceptent avec empressement telles
prescriptions qu'il convient
d'adopter pour obvier à ce dépérissement momentané.
Au nombre des enfants visités en 1909, 408 étaient en bon état. 52,
moins bien constitués
présentaient divers accidents ou maladies, savoir :
Eczéma ...............................21 cas
Rachitisme...............................4
Gastroentérite........................10
Grippe.....................................2
Hernies ombilicales.................2
Furonculose............................4
Hernies inguinales...................2 Pied bot
congénital..................1
Broncho pneumonie.................5
Diarrhée .................................1
Presque tous les enfants étaient nourris au biberon ou au
moyen de l'allaitement mixte.
La létalité a été nulle en 1909 parmi les enfants présentés.
Je constate que les soins hygiéniques les plus simples demeurent
trop souvent rudimentaires. Toutefois, je dois ajouter que les
enfants qui ont été mensuellement présentés à la consultation,
n'ont rien laissé à désirer au point de vue de la propreté
corporelle. J'ai remarqué à cet égard, une certaine émulation
entre toutes les mères nourrices, émulation que, le cas échéant,
j'encourageais par des félicitations dont elles paraissaient être
très heureuses et qui ne pouvaient qu'être favorables aux petits
enfants.''
''Dans la lutte contre les assauts de la vie qui peuvent menacer la
graine humaine,
il reste encore, malgré les résultats obtenus, beaucoup à faire dans ce
pays à
superstitions séculaires, où la routine est si puissante, si grande
l'apathie naturelle,
si invétéré le scepticisme.''
N°28
Bébés 1900. . .
''an amïegez*'' contre vieilles matrones !
*La sage femme
Le bourg en 1899 Photo Rousselet
Jusqu'en 1897, il n'y avait aucun service de santé dans la commune.
En cas de nécessité absolue, un médecin venait à cheval de Pont Croix
(le docteur
Néis), Audierne ou Pont L'Abbé.
Les soins infirmiers étaient assurés par les religieuses.
Le 23/02/1896, le rapport du conseil municipal mentionne :
''Les fonds attribués aux indigents pour l’assistance médicale sont
presque tous
absorbés par l’assistance aux femmes en couches à cause de
l’éloignement du
médecin et de la sage femme dont les honoraires sont inférieurs.''
Le conseil demande de l’aide pour l’installation d’une sage femme à
Plozévet : ''elle
serait bien accueillie par les particuliers qui, la plupart du temps,
sont obligés d’avoir
recours à de vieilles matrones inexpérimentées.''
Une sage femme fut donc appelée en 1897. (pas de trace dans les
recensements de
1901).
Page 1En 1911, c'est Joséphine Honoré, une jeune femme de 24 ans
originaire de Bannalec,
qui occupe la fonction. Elle se marie cette même année à Pouldergat,
avec un
herboriste.
En juin 1920, le premier médecin installé dans la commune sera le
docteur Sartre, 31
ans.
En 1921, Marie Henriette Guyader est sage femme au bourg. Célibataire,
34 ans,
originaire de Brest, elle était auparavant à Pont Croix. Elle a habité
une location, au
dessus de chez l'épicière Gaïd Douirin (Mme Julien), route de Quimper.
Les gens s'adressaient à elle, paraît il, en l'appelant "Dimezell"
(Mademoiselle), et
parlaient d'elle en tant que "an amïegez" (la sage femme).
Dès 1897, le ''Bulletin officiel du syndicat général des Sages Femmes
de France''
lança des actions contre les vieilles matrones qui étaient appelées
pour les
accouchements difficiles :
'’Toutes les Sages Femmes syndiquées ayant à se plaindre
des Matrones peuvent, en toute confiance, s'adresser à Mme
Bocquillet qui fera le nécessaire à ce sujet. Mais pour que
l'action soit efficace, la plaignante devra entrer dans les
détails sur les noms de pays où se trouvent les Matrones,
ainsi que sur ces femmes elles mêmes, en indiquant les
personnes accouchées par elles.
Aucune plainte ne devra être envoyée si l'on ne peut préciser
que la femme une telle ou une telle se livre à l'exercice
illégal des accouchements.
Nous dire aussi si ces femmes ne sont pas protégées par des
docteurs que l'on voudra nous nommer.''
La sage femme qui était en charge de Plozévet au début de 20ème siècle,
se plaignit de
la concurrence des ''Vieilles Matrones''.
En Janvier 1901, on pouvait lire dans Le Finistère que la justice les
condamna à 6 jours
d'emprisonnement et 50 F d'amende :
''Tribunal correctionnel de Quimper.
Plozévet. Guerre aux matrones.
Marie Le Burel, femme Trépos, âgée de 64 ans, ménagère à Lestréouzien,
est une
vieille matrone très connue, qui même aux dires des gens de la commune
a rendu
de grands services aux personnes qui avaient recours à elle. Mais à
cette époque il
n'y avait pas de sage femme et ces braves matrones étaient tolérées ;
celle ci
produit au tribunal un certificat élogieux, signé d'un très grand
nombre de
conseillers de sa commune ; mais cela ne suffit pas, il faut un brevet.
Dans le
courant de cette année elle a procédé à plusieurs accouchements, ce qui
ne fait pas
l'affaire de la sage femme qui a porté plainte.
Page 2
Pour apporter un remède énergique, le tribunal condamne la pauvre
vieille à 6
jours d'emprisonnement et 50 F d'amende.
Marie Hélias, veuve Pichavant, âgée de 57 ans, ménagère à Lessunus,
comparaît
pour répondre des mêmes faits ; elle aussi était en vogue dans la
commune.
Pour qu'elles ne soient pas jalouses l'une de l'autre, le tribunal lui
inflige la même
peine qu'à la précédente.''
La santé des jeunes enfants de Plozévet.
Photo issue d'un document intitulé ''Threshing in Plozévet'' (Battage
du blé à Plozévet) et
conservée par une université californienne qui étudie les sociétés
primitives.
Pierre Jakez Hélias, évoquant les pardons et les
fontaines de guérison, en ce début du 20ème
siècle, écrit dans le Cheval d'Orgueil :
''Le jour du pardon [de St Ronan], on couche les
enfants dans le creux de cette pierre [i.e. le
sarcophage de St Ronan] pour écarter d'eux tous
les maux qui peuvent frapper le corps. Ma mère
n'a pas manqué de m'y mettre dans mon âge
tendre. Bien sûr, elle m'a mené aussi plusieurs
fois au pardon de la chapelle de la Trinité en
Plozévet et chacun sait que les Trois Personnages
protègent de tout. Mais on ne prend jamais assez
de précautions.''
''Il semble que les maux de ventre soient parmi
ceux qui affectent le plus les enfants bigoudens.
On redoute de les voir tourner à la ''rage de
boyaux'', il faudrait appeler le médecin et
entendre de sa bouche un de ces termes qui
sentent l'Extrême Onction.
Mais la vierge de Tronoën guérit ces maux là,
dans sa chapelle de la palud.''
Le docteur Hébert, médecin inspecteur de la protection du premier âge à
Audierne, assurait une consultation de nourrissons à la mairie,
l'après midi du 4ème
jeudi de chaque mois.
En 1885, il fut aussi en charge de la santé lors de l'épidémie de
choléra à Audierne. Il
fut très souvent décoré et obtint les plus prestigieuses récompenses.
Page 3