Histoire et Patrimoine raconte : Le combat navires. des Autrefois à Plozévet... trois N°31 Les canons de l'Amazon(e). Tableau de John Fairburn (Wikipédia) «Sur proposition de M. le Ministre, le Directoire ordonna que tous les prisonniers anglais du vaisseau Les Droits de l'Homme seraient renvoyés, aux frais de l'Etat, dans leur patrie, en récompense du courage, du dévouement et de l'Humanité dont ils ont fait preuve pendant le naufrage.» Le maire de Plozévet, Lucien Le Bail • En mars 1877, selon le journal le Finistère, on a pensé un moment que l'épave se trouvait au large de l'étang de Trunvel entre Tréogat et Tréguennec. Le 28 mars 1877, on lisait dans le journal, le témoignage d'un ancien de 92 ans . Il avait 12 ans en 1797 et réagissait à deux articles de la semaine précédente : Selon lui, L’Amazon se trouve en réalité face à la pointe de Souc'h, à une dizaine de mètres de profondeur. Certains de ses canons auraient servi a renforcer les batteries de la côte de Plouhinec, d'autres pièces furent transportées à Brest. L'article se termine par : Photo 2010 Le dimanche 22 août 1937, le même jour que le monument des sonneurs, fut inaugurée la dalle à la mémoire des marins et soldats du vaisseau «Droits de l'Homme» située dans l'enclos . Voici trois témoignages concernant ce monument : • Article du journal «Le Citoyen» d' août 1937, rapportant un discours de Albert Le Bail, prononcé le 22 août devant la dalle : Le 14 Nivose de l’an V de la République, le vaisseau «Droits de l’Homme» revenait de l’expédition menée par Hoche pour la délivrance de nos frères celtiques , les Irlandais. Au large des côtes de Plozévet, il se heurtait à deux bâtiments anglais d’une force très supérieure à la sienne. Le commandant Lacrosse, âgé de 32 ans avait à son bord 650 marins et 580 soldats de la légion des Francs, commandés par des généraux tels que Corbineau et Humbert, le brave Humbert qui, l’année suivante, retournant en Irlande devait battre en bataille rangée 10 000 Anglais, à la tête de 1500 Français. Un combat héroïque et désespéré dura pendant deux jours. Le vaisseau «Les Droits de l’Homme» démâté, couvert de morts , refusait de se rendre. Un lambeau de pavillon tricolore avait été cloué sur un tronçon de mât. L’un des navires anglais démâté fut jeté à la côte. L’autre dut abandonner le combat et s’éloigner. Hélas, le vaisseau «Droits de l’Homme», désemparé, s’échoua sur la grève de Canté, en Plozévet, et aux horreurs du combat succéderont, en pleine tempête, les horreurs du naufrage. Page 1Août 1937 Albert Le Bail et René Quillivic devant la dalle où sont gravés les mots suivants : Ici reposent 400 hommes (*) marins du vaisseau «Les Droits de l’Homme» et soldats de la légion des Francs, qui le 22 Nivose de l’An V de la République luttèrent victorieusement contre deux vaisseaux anglais au large des côtes de Plozévet et moururent au cri de VIVE LA REPUBLIQUE. Cette pierre a été érigée en août 1937 par la commune de Plozévet M. Albert Le Bail était Député Maire. (*) En réalité, seuls quelques hommes y sont inhumés, ceux que la tempête de 1896 et les suivantes ont arrachés à la falaise de Keristévet, faisant surnommer la côte «baie des squelettes». • Lettre de Lucien le Bail, adressée à la Dépêche de Brest et parue dans toute la presse régionale en mars 1887 : Plozévet, le 19 mars 1887. Monsieur le Rédacteur, Suivant l'intention que je vous avais annoncée, je me suis occupé, dès le 10 de ce mois, à la faveur d'une très basse mer**, d'extraire de la profonde excavation où ils étaient enfouis, sous une couche de sable de 1 mètre 60, trois canons ayant appartenu à la frégate anglaise HMS «Amazon», de 44 canons, laquelle sombra devant Plozévet, pendant la lutte que cette frégate et «l'Indefatigable» soutinrent contre notre vaisseau français «Les Droits de l'Homme». L'opération a parfaitement réussi. ** 11 mars 1887 : l'une des plus fortes marées du siècle. Page 2 Aidés par quatre forts gars de la côte, employés, les uns à enlever au moyen de pelles le sable qui obstruait l'endroit où nous pratiquions la fouille, les autres à vider avec des baquets les eaux filtrant à travers les sables et emplissant au fur et à mesure le bassin qui se formait, nous mîmes à nu les canons. Ils étaient soudés au fond rocheux et recouverts d'une épaisse croûte (mélange calciné de résidus de graviers, de coquillages et de fragments de rocs), aussi dure que le fer qu'elle enveloppait. Au moyen de coins en acier et de forts leviers en fer, on arracha bientôt ces canons au fond qui les retenait ; mais surpris par le flux, nous dûmes remettre au lendemain le soin de les transporter au bord du rivage, en présence d'un grand concours de spectateurs accourus des villes et bourgs environnants, d'Audierne, de Pont­Croix et de Plogastel, pour jouir de ce spectacle. [Le 3ème canon, présenté lors de l'expo du bicentenaire du naufrage, à la mairie de Plozévet.] Ils sont là en ce moment, ces trois témoins muets de ce drame, à découvert sous un soleil plein d'éclat et plus clément que celui ­ le même cependant ­ dont les lueurs blafardes, rendues plus sinistres encore par une affreuse tempête, éclairèrent ces jours néfastes des 14 et 15 janvier 1797. Nous profiterons de quelque beau jour de juillet prochain pour les envoyer au pied du menhir des Droits de l'Homme, situé non loin de cet endroit. J'ai demandé à la marine l'autorisation de donner à ces canons cette destination ; on vient de me faire savoir que j'ai à m'adresser au ministre. Nous déposerons là, où est leur place, ces engins meurtriers qui, pendant douze heures de combat sans merci, et aidés par ceux de leur allié, semaient sur notre vaisseau français la mort que celui ci leur renvoyait avec un égal acharnement. Quand ils seront ainsi réunis à cette pierre, devenue, après le combat, le point de mire pour atterrir de nos survivants des Droits de l'Homme parmi lesquels 50 prisonniers anglais dont le major Pipon, revenu le 21 juillet 1840 sur notre plage le monument recevra le caractère d'une double consécration. Ce rapprochement rappellera, en effet, que si Anglais et Français surent s'entre tuer pour obéir au devoir sacré de la lutte pour la patrie, ils surent aussi, la lutte finie, retrouver leurs cœurs d'hommes, et au nom, non moins sacré de l'humanité, se dévouer pour être pardonnés pour le salut commun. En effet, dans le rapport concernant cet évènement, on lit : Page 3