II. La fontaine de Kerfily. En août 1881, la situation ne paraît pas
extrêmement brillante : Deux sources seulement, dit on, existent au bourg
: • L'une, dite fontaine de l'église, est située dans le cimetière. •
Quant à l'autre source, elle dessert la fontaine de Kerfily au sud du
centre bourg. Son eau est abondante et d'excellente qualité. Néanmoins,
elle est altérée continuellement par les abus auxquels on s'y livre et le
conseil décide, lors de cette réunion, de faire recouvrir cette fontaine
d'un travail en pierre et de lui adjoindre un réservoir. Il semble que
rien n'ait été fait...On a des photos du lavoir mais rien sur la fontaine
que le cadastre de 1828 nous montre ici, au sud du "leurquer" de Kerfily,
sur la route de Pont L'Abbé de l'époque. Le 11 septembre 1921, il n'y a
plus de cimetière autour de l'église depuis plus d'une dizaine d'années.
Les fontaines semblent avoir retrouvé leurs usagers. les conseillers
municipaux considèrent qu'un accident est à redouter lorsque les enfants
de l'école* traversent la rue pour aller chercher de l'eau à la fontaine
du bourg, «la rue étant très fréquentée par les voitures et les
automobiles». Il est alors décidé le forage d'un puits et la pose d'une
pompe dans la cour de l'école. L'enclos entre 1910 et 1920 * école de la
route d'Audierne
Histoire et Patrimoine raconte : Autrefois à Plozévet... N°33 HISTOIRES
D'EAUX D'après : les archives de la mairie (lettres des maires et conseils
municipaux); site Plozerche, cadastre 1828. I. Les fontaines publiques de
l'enclos paroissial. Le schéma ci contre a été réalisé à partir du
cadastre de 1828. Il représente l'espace allant de Lesplozévet et
Kerzyvet, au nord, à Kerrien au sud. Les couleurs* différencient les
natures des terrains. Une zone humide occupée par des prairies naturelles
traverse la carte en diagonale et se poursuit, au sud, par le ruisseau se
jetant à Canté, près du port. L'enclos paroissial se trouve sur le trajet
de cet écoulement, bien que n'étant pas classé en prairie. (cf flèche) *
sur la version numérisée. Pendant des siècles, les fontaines de l'enclos
et celle de Kerfily ont été les seules fontaines publiques alimentant le
bourg. Elles ont souvent été au cœur de polémiques évoquées dans les
textes qui suivent. Ci contre, les deux fontaines de part et d'autre du
porche sud de l'église. Des marches y descendent permettant d'y puiser de
l'eau et servant aussi, plus tard, à déposer les grands parapluies noirs
pendant les offices et les enterrements ! Avant d'atteindre ces fontaines,
l'eau s'est écoulée sous l'église et sous l'ancien cimetière. Page 1A
Plozévet, jusqu'au milieu du 18ème siècle (ci contre en 1744), les corps
étaient enterrés sous les dalles du pavement de l'église, dalles soulevées
à l'occasion d'un enterrement ; les familles aisées pouvaient faire
construire une ''chapelle'' sur les côtés, à l'intérieur d'une église.
Dans ces ''chapelles'' dédiées à un saint protecteur, étaient ensevelis
les membres de la famille. Depuis le Moyen âge, l'âme d'un corps placé
dans l'église était supposée aller plus vite et plus près de Dieu, au
paradis. Les places les plus proches du chœur étaient les plus chères . En
1776, une ordonnance de Louis XVI interdit, pour des raisons sanitaires,
d'ensevelir dans les églises, aussi, en 1780, Allain Strullu, de Merros,
fut il inhumé dans le cimetière de l'église paroissiale de Plozévet : au
surplus, Monsieur le Préfet, à Dieu ne plaise que je veuille m’opposer à
un examen des eaux de cette fontaine ; J'aime trop mes administrés pour
m’opposer à la fermeture d’une fontaine qui renfermerait des principes de
mort et j’ai dû être très étonné que cette fontaine soit en quelque sorte
présentée dans une pétition contre moi. [...] » Un projet d'agrandissement
du cimetière entourant l'église en prenant une bande de 4 m le long de la
route d'Audierne, rencontrera l'opposition de Charles le Guellec et de Me
Hignard, propriétaire de l'ancien presbytère. Ils préféreraient une
translation du cimetière vers le Veret nevez, à la sortie du bourg.
L'agrandissement de l'enclos se fera malgré tout. Le mur ouest du
cimetière était auparavant dans le prolongement du pignon ouest de
l'église. Il était en pierres de tailles. Il faudra attendre 1905 pour que
le nouveau cimetière soit construit. Au début du 19ème siècle, les prêtres
et les notables sont plus instruits et commencent à s'interroger sur les
causes des rapides propagations des épidémies. A Plozévet, les deux
fontaines publiques sont au centre des préoccupations. En octobre 1821, le
maire Allain Strullu (petit neveu du précédent) écrit au préfet : (Texte :
cf le site Plozerche) «Quant à la fontaine dont parlent les pétitionnaires
je serais le premier, Monsieur le Préfet, à en demander la fermeture si je
pouvais croire qu’elle pût renfermer des principes de mort : il n’est
jamais parvenu à ma connaissance que l’eau de cette fontaine ait causé à
personne la moindre incommodité et la pétition même m’en a offert le moyen
de m’en assurer auprès de monsieur le recteur qui se sert de l’eau de
cette fontaine ; Les pétitionnaires prétendent cependant que la
décomposition des cadavres surnage sur l’eau dans la chaleur de l’été ;
ici, j’avouerai mon incapacité pour pouvoir répondre à ce point de fait ;
je ne suis ni physicien ni chimiste ; mais ce que je puis affirmer c’est
que mon œil n’a jamais vu cette décomposition des cadavres surnageant sur
l’eau de cette fontaine qui se trouve dans le roc même, ne tarit jamais et
est limpide ; Page 2 Plus au sud, la place du village a aussi été rognée :
''Pour construire le presbytère et la maison d’école, on a pris quatre
mètres de cette largeur, voilà donc une lisière de terrain de 4 mètres en
largeur et de 26 ou 27 en longueur que l’on signale comme l’ancienne place
publique de la commune ou du bourg.'' (rapport de l'Affaire Phuez
Conseil municipal du 10 mai 1846) La population ne semble pas trop
préoccupée par la pollution des eaux : Le 15 octobre 1849, le maire Pierre
Julien publie un arrêté: "Il est fait défense à toute personne de laver du
linge, du fil, des herbages aux fontaines publiques, d’y rincer des
tonneaux et vases quelconques, comme aussi d’y mener boire les chevaux et
bestiaux ; en un mot, d’altérer, de quelque manière que ce soit, la pureté
et la limpidité de l’eau des dites fontaines. [...]"