En 1859....
autre plainte de M. Clévarec....
"Monsieur le maire, il y a un cri général à Plozévet à la vue des
désordres qui se
tolèrent au bourg le dimanche et même les jours sur semaine.
Parmi les sauvages on ne se maltraite pas à ce
point. Tous les dimanches, le bourg est plein,
jusqu’à la nuit et probablement audelà. On ne
peut plus sortir de la maison sans voir le
spectacle hideux d’hommes qui se battent
comme des animaux, et cela à la vue de
l’autorité qui craint de se montrer.
Histoire et Patrimoine raconte :
Autrefois à Plozévet...
N°41
Au 19 ème siècle, les gardeschampêtres...
N’êtes–vous pas affligé, comme moi, Monsieur le maire, de voir un si grand
nombre
d’hommes, manger dans les auberges de Plozévet le pain de leurs enfants,
promener
leur scandale un jour consacré au Seigneur et faire porter aux quatre
vents la
réputation de la commune ? La chose est déjà passée en proverbe :
Si vous voulez voir des désordres, si les désordres vous amusent, venez au
bourg de
Plozévet, là, les auberges sont ouvertes à qui a de l’argent pour payer.
Aussi Plozévet est le rendezvous de tout ce qu’il y a de mauvais dans les
paroisses
voisines, persuadé que l’on est, qu’il y a pleine liberté.
Monsieur le maire, je n’aime pas m’immiscer dans l’administration civile,
mais le
désordre est arrivé aujourd’hui à un tel point que je crois que c’est un
devoir de
conscience pour moi de vous le signaler, car il n’est pas douteux pour moi
qu’il soit
parfaitement en votre pouvoir de porter quelque remède à un si grand mal.
Ainsi, monsieur le maire, si vous refusez à faire droit à ma juste
demande, vous me
mettrez dans l’obligation d’instruire Monseigneur et monsieur le préfet de
ce qui se
passe afin qu’il avise au moyen d’arrêter ces désordres. J’ai beaucoup
tardé, peut être
auraisje dû les prévenir plus tôt.
Vous voyez M. le maire que je ne vous cache rien, ma détermination est
prise, à moins
que vous ne vouliez bien arrêter ce torrent..."
En 1857 Louis Douenne, époux de Catherine Grenon ( Fremon) est préposé des
douanes à Lesplozévet, il est recensé douanier retraité et gardechampêtre
en
1866 et 1872.
Au 19ème par Victor ADAM ''L'amour et le gardechampêtre''
Le métier de gardechampêtre était une position importante dans le
village, et ne
pouvait être confié qu’à une personne digne de confiance sachant lire et
écrire,
puisqu’il devait rédiger de nombreux procèsverbaux...
Les gardeschampêtres étaient nommés par le préfet, après présentation du
candidat par le maire.
Il était en quelque sorte un policier rural et avait diverses attributions
visant à
maintenir l’ordre dans le village :
Veiller à la conservation des propriétés rurales et des récoltes ;
Rechercher les malfaiteurs, les vagabonds et les déserteurs ;
Arrêter et conduire devant la justice tous les individus pris en
flagrant délit ;
Signaler au maire ou à la police tous les crimes et délits dont il avait
connaissance ;
Maintenir l’ordre et la tranquillité dans le village ;
Constater les délits de chasse et pêche ;
Constater la fraude et la contrebande sur le tabac, les poudres à feu et
les
cartes à jouer (sur lesquelles l’état avait alors un monopole) ;
S’assurer du respect des poids et des mesures.
Page 1Dés 1822, les gardeschampêtres ont été dotés des premiers fusils ou
pistolets
comme la Gendarmerie, une ordonnance du 24 juillet 1816 leur permet
d'avoir un
fusil de guerre. De 1846 à 1851, Antoine Basty, 55 ans, est
gardechampêtre et boulanger.
Il démissionne en septembre 1851.
A Plozévet... En 1851, Jean Le Moal (18261889), fils de Jean
et de Jeanne Daden, le remplace.
Son épouse, Jeanne Louise Capmau, décède en
1852, à Corngad. L'année suivante il est
cultivateur.
Le 7 novembre 1852, Jean Le Moal, se marie avec
Catherine Kérourédan. Il est tailleur et garde
champêtre.
En 1839, le conseil municipal réclame l'ouverture d'un poste de
gardechampêtre
pour la surveillance et la conservation des produits agricoles.
Le premier septembre 1839, le choix se porte sur Yves Le Gall qui devra
prêter
serment devant le juge du canton. Le 15 mai 1841 le conseil vote un impôt
pour
son salaire.
Il restera en poste jusqu'en 1844.
En 1855, Michel Moris se maria à Henriette Guéguen, aubergiste, veuve de
Yves le
Corre, qui fut jadis instituteur avant de devenir marchand de vin.
Michel Moris devint marchand de vin, métier incompatible avec la fonction
de
gardechampêtre.
En 1861, Jean Le Moal est encore gardechampêtre à Lesplozévet.
En 1866, il est seulement tailleur.
Le 25 janvier 1844 le conseil municipal
décide de choisir le gardechampêtre parmi
les anciens militaires sachant lire et écrire :
Antoine Basty, chaudronnier, et Michel Moris
conviendraient.
Le recteur et le gardechampêtre :
Il semblerait que Michel Moris succéda à
Yves le Gall pour quelques mois, en 184445.
Le gardechampêtre évoqué par le recteur Clévarec est probablement le
tailleur
Jean le Moal.
1858 : plainte de M. Clévarec, Recteur.
"J’ai loué la jouissance de la place de foire de La Trinité et j’en
demande la paisible
jouissance, et cependant depuis que je jouis de ce terrain j’ai éprouvé
bien des
tracasseries.
1. Au long des jours on m’a enlevé la serrure puis coupé quelques barreaux
de la
barrière, on y met les moutons quand on y pense le moins.
2. Samedi dernier des jeunes gens de la Trinité et de Plozévet se sont
fait un plaisir
d’abattre une partie de la clôture.
Tous ces faits doivent être à la connaissance de M. le maire.
Je crois que légalement parlant il est obligé d’y porter remède ; toute
commune doit
avoir sa police : M. le maire a à son service un gardechampêtre rétribué
plus ou
moins par la commune et dont les attributions sont de signaler les délits
et d’y porter
remède.
Or il n’y a qu’une voix à Plozévet, pour dire que loin de faire son
devoir, il fomente le
désordre par ses ivrogneries et il est à craindre que si l’on continue à
favoriser le
désordre on ne puisse plus marcher en sûreté sur le terrain de Plozévet.
Je me permets de signaler ces faits à M. le maire pour qu’il y porte
remède, c’est un
devoir strict et rigoureux pour lui."
Un gardechampêtre au 19ème siècle.
Peinture de Aimé Perret.
Signé : Clévarec, recteur de Plozévet.