Autrefois à Plozévet, HISTOIRE D UN PETIT BOUT DE CÔTE.... LA STATION DE SAUVETAGE DE PORS-POULHAN En 1828 la côte était déserte, seul un chemin de garde-côte longeait le rivage. [ ci-dessus, un extrait du cadastre ] La seule construction était à l'ouest le l'anse, un corps de garde pour surveiller la mer dans ces temps lointains où l'ennemi était anglais. Les bretons l'appelaient « an ti » et la mer en contrebas était « ar porz dian an ti ». A la fin du 19ème siècle il était en ruine et des indigents y vivaient. Le Gouvernement le vendit à Jules le Goff, négociant au bourg. Il devint pendant un temps un abri de douaniers avant d'être complètement détruit, sans doute à la fin des années 1920. Vers 1900, quelques paysans-pêcheurs étaient recensés à Poulhan où le port n'était encore qu'une petite crique ouverte aux tempêtes. C'est à la force des bras que les hommes devaient hisser les bateaux pour les mettre à l'abri C'est seulement en 1899 qu'il fut décidé de construire une plate-forme au nord de l'anse, sur le territoire de Plouhinec... à qui revenait la prise en charge d'une partie des frais.Au début du 20 ème siècle le village se peuple : il y a 8 marins en 1906, on en dénombre 10 en 1911. En 1912, une artiste parisienne, Mademoiselle Mazery fit un don aux Sauveteurs Hospitaliers Bretons, elle offrit 20 000 francs pour l'achat d'un bateau de sauvetage qu'elle souhaitait voir appeler « Jeanne- David ». Les municipalités de Plouhinec et Plozévet envisagèrent de construire une station pour l'abriter, ainsi qu'un môle pour abriter le port. La guerre stoppa tous les projets et certains marins mobilisés ne rentrèrent pas. En 1920, le projet n'est pas abandonné mais le pays se relève péniblement des douleurs de la guerre et la monnaie est fortement dévaluée... Il faut maintenant 90 000Francs pour acheter un canot. Le treuil aussi doit être remplacé car le port est occupé par 41 bateaux « modernes », plus lourds à manoeuvrer. Six ans plus tard un feu fixe sera installé sur la pointe ouest et Plozévet devra emprunter à 10,25%. pour le paiement de sa part. En avril 1926, la H.S.B. lança un appel à la générosité de la population pour financer le « Jeanne David » , presque terminé aux chantiers de la Rochelle. Une société musicale parisienne, l'Harmonie Express, donna un concert au théâtre de Quimper, au profit de la H.S.B. En juin, les Quimpérois purent admirer le canot qui fut exposé en ville pendant une semaineLe canot superbe, insubmersible et inchavirable, naviguant à la voile et à la rame était également muni d'un moteur. Le jour de l'inauguration fut fixé au 11 juillet : la marraine était madame Le Bail de Plozévet. René Quillivic , le statuaire natif de Plouhinec, récemment promu officier de la Légion d'Honneur, était le parrain . Monsieur Bourdon, le garde maritime de Plozévet, rassembla l'équipage du futur canot pour une photo souvenir Les autre marins sont : Guillaume Trépos ; Guillaume Colin ; Henri Trépos ; François Jannic ; Jean Le Dréau ; Jean Le Bars ; Vénoc Le Berre ; Guillaume Burel ; Michel le Berre. Ils avaient accepté la devise de la S.H.B. : « Potius mori, quam foedari » ou «Kentoc'h mervel eget bezañ saotret » , « Plutôt la mort que la souillure ».L inauguration de la station de sauvetage de Pors Poulhan le 11 juillet 1926. Photo Ouest Eclair Voici, presque intégralement, l'article du « Finistère » relatant cette journée « Cette cérémonie a eu lieu dimanche dernier à 10 heures, et le superbe bateau Jeanne- David qui sera attaché à la station a reçu le baptême en présence de MM le préfet du Finistère ; Lorin de Reur, administrateur en chef de l'inscription maritime, représentant M le sous-secrétaire d'Etat à la Marine marchande ; le Bail, député- maire de Plozévet ; Berthau, président des H.S.B. ; Perret, représentant du comité central des H.S.B. ; Fougères, trésorier central des H.S.B. De Rennes ; Destour, président de la section de Quimper ; Francis Drillien, secrétaire ; le lieutenant de vaisseau Strullu ; le commandant Delamaire ; Bignon, administrateur de l'inscription maritime d'Audierne ; l'ingénieur en chef des ponts et chaussées ; Peuziat, adjoint au maire de Plozévet ; Maurice le Corre, patron du Jeanne David ; Bosser vice-président du comité des fêtes de Plozévet ; etc... Mme le Bail était la marraine et le sculpteur Quillivic, originaire de Plouhinec, le parrain. M. Salou, recteur de Plozévet, monta sur le canot et remercia les H.S.B. du don qui venait d'être fait à ce petit port de Pors Poulhan ; puis, en breton, il expliqua à la population maritime, le but de l'oeuvre et les conditions du legs qui leur a été fait. Ensuite M. le recteur de Plouhinec bénit la barque de sauvetage. Lorsque les chants sacrés furent terminés, Mlle Strullu remit à Mme Le Bail une superbe gerbe de fleurs. puis M.Berthau fit l'historique de la Société. [....] La Médaille d'honneur de la Société a ensuite été remise à MM. Guillaume Nicolas, Jean le Berre*, Jean-Marie Youinou, Corentin Ansquer. *cf à la fin du document. M.Destour, professeur au lycée de Quimper accepta de M. Berthau, en un discours particulièrement émouvant, la garde du Jeanne David, et fit l'éloge de la société des H.S.B. dont il est le président de la section de Quimper. [...] A son tour, M. Le Bail, dans le style alerte et poétique qu'on lui connaît, rappela le passé de cette côte sauvage si féconde, hélas ! en sinistres, et il exalta le courage le courage et les sacrifices futurs de l'équipage du Jeanne David. A midi un déjeuner amical réunissait à l'hôtel Laurent les invités et amis de la Société de Hospitaliers Bretons. Menu copieux et excellemment servi. A la fin du repas, M ; Berthaud remercia de nouveau les personnes présentes puis remit la médaille de la reconnaissance à [..liste..] La journée se termina par des régates, dans les parages où le Jeanne David avait été mis à la mer. En voici les résultats : Course à la voile : 1-jean Trépos ; 2- Y Trépos ; 3- Michel Ansquer ; 4-C Ansquer. Course à l'aviron : 1-jean Trépos ; 2- Y Trépos ; 3- C Ansquer. ; 4-Alexis Trépos. Course à la godille : 1- Y Bourdon ; 2- M le Corre ; 3- Jean Le Bars. Pour clôturer dignement cette fête, la jeunesse dansa aux binious face à la mer, et le soir un bal eut lieu, au cours duquel la reine des Bruyères fut désignée en présence de Mme le Bail. Ce fut Mlle Julie Lautrédou, qui, accompagnée de ses demoiselles d'honneur, Mlles Anne Marie Bourdon et Aline le Corre, prendra part à Quimper, le 25 juillet, à la grande fête des reines de Cornouailles. »Le journal anti-bailliste,« Le Progrès », mentionna la fête sous la rubrique « Plouhinec » : il semblerait que les officiels des deux communes soient arrivés séparément . Les notables venaient de Plozévet avec la famille Le Bail...mais Georges, rentrant de Paris par le train était en retard.... Un jour de régates, le JEANNE DAVID veille.... Le'' Jeanne David'' n' eut pas à assurer de missions périlleuses et la fin des années 30 vit la disparition de la station et la vente du canot à un particulier en 1940. Certains disaient qu'il était trop lourd, impossible à manœuvrer ... trop beau sans doute ! Pendant l'occupation, l'abri, situé dans un endroit stratégique, fut occupé par les soldats de la Gast de Plozévet, avant de devenir une petite école de hameau, de 1946 à 1968.Il n'y avait qu' une seule classe pour les enfants de 4 à 7 ans. En 1954, 50 élèves environ fréquentaient cette petite école, sans eau, sans électricité ni chauffage. En hiver, le goémon séché servait de combustible. Les rushes des film de R Gessain nous ont permis d'extraire quelques images de 1962: Dans la minuscule cour de récréation les enfants qui tentent, malgré tout, de jouer avec la mer tout près, en arrière plan.... Complément Jean Le BERRE (1849-1935) de Kergoz, en Plouhinec Textes : OE du 21 sept 1935