La chapelle était entourée d’un enclos et les inhumations étaient autorisées dans le chœur pour les « notables » (pour être plus près de Dieu) et dans la nef. A la Révolution la chapelle est assez délabrée. En l’an III, elle est achetée par un cultivateur de Porsembréval . Elle fut revendue en l’an VIII à Charles Le Guellec, puis restituée vers 1804. Mardi 7 août 2018 -- Balade ''Histoire et Patrimoine '' La Trinité, le bois de Menez- Gwen, le village du Gorré à Plouhinec, l ' étang de Poulguidou. . . Au début du 20 ème siècle, l'ancienne croix du clocher a été incrustée dans la pierre au pied du monument aux morts de la guerre 14-18. La randonnée. Village de la Trinité Nous sommes ici dans un village probablement très ancien, né au croisement de voies antiques (des Osismes et des Romains) et réputé à une époque beaucoup plus récente pour ses tailleurs groupés autour de la chapelle dans ce que l’on a longtemps appelé bourg de la Trinité. Des explications seront fournies tout au long du trajet. Nous y verrons, peut-être, la pragmite aquatique et le fragon : Plante protégée qu’on appelle aussi « petit houx ». Ce que l’on prend pour des feuilles est en fait une tige, un rameau appelé cladode. Ces rameaux portent des fleurs puis des fruits qui sont des baies de couleur rouge, brillantes et toxiques. Le reste de la plante est utilisé en pharmacologie pour le traitement de l’insuffisance veineuse, les varices. La plante n'est pas rare et, chez nous, les anciens en confectionnaient des balais plus efficaces et plus résistants que les balais de genet : une touffe de feuilles était serrée autour d'un bâton, à une extrémité. Le nom anglais de la plante (butcher’s broom – balai du boucher) vient du fait que les bouchers européens utilisaient ses tiges pour balayer le plan de travail de débitage des viandes, non seulement à cause de leur rigidité et de leur solidité, mais également parce qu’on pensait que l’huile essentielle que renferme le fragon épineux inhibait la prolifération bactérienne et contribuait à éloigner la vermine et les souris . Photo prise vers 1900 par le comte Gaston Conen de Saint-Luc ( AD29 cote 16 J 59.-) Déjà dans les années 1680 à 1700 et sans doute avant, des familles de tailleurs vivaient à la Trinité. Leur nombre s’accroît entre 1850 et 1906. Ils habitent dans de petites maisons pen-ty. Il en reste quelques-unes. A cette date on compte à La Trinité 9 tailleurs chef de ménage auxquels il faut ajouter 3 couturières et 6 tailleurs [fils ou apparentés], ce qui en fait 18. En ajoutant les 18 de Lesplozévet, 14 du bourg, 4 de Ménez Kergabet plus quelques tailleurs dispersés dans la commune on atteint 67 en tout en 1906 ce qui est une bonne concentration qui mène Plozévet au 3 ème rang de cette profession dans le Pays Bigouden, après Pont L’Abbé et Plonéour-Lanvern. Elle forme d’ailleurs la corporation non agricole la plus importante de Plozévet. Les tailleurs sont appelés tennerien neud (tireurs de fil) ou kéméner. Ils forment donc une corporation nombreuse, puissante et originale avec un savoir-faire particulier.Page 2 Le tailleur travaille seul ou en famille : Ici il n’y a pas d’atelier collectif comme à Pont L’Abbé. On est tailleur de père et fils et les mariages se font dans la profession (on relève, à la Trinité, 4 générations de tailleurs dans les familles Bolzer, Stéphan et Coïc). Ils utilisaient entre-eux une langue particulière, sorte de langage secret pour ne pas être compris hors de la profession (lugach Kemener à Plozévet, lugach Chon à Pont L’Abbé) Le travail se faisait à domicile ou chez les clients. Ce sont les hommes dont les doigts étaient plus durs qui cousaient le drap épais. Une grande partie de leur travail consistait à raccommoder des vêtements usés, à réadapter des vêtements anciens usés. Parfois aussi ils avaient des commandes pour du neuf en particulier pour les mariages et les fêtes. A ces occasions chacun devait être vêtu au mieux car le vêtement était réputé pour refléter le statut social et l’état de fortune. Le tailleur devait avoir des capacités d’adaptation et suivre la mode car l’habit a commencé à se différencier selon les « pays » (Bigouden, Cap Sizun, Glazik ....) au début du 18 ème siècle. Plus tard, au début du 19 ème siècle, les vêtements bigoudens se sont couverts de broderies de couleur vive (orange, jaune, rouge) avec des motifs bien différenciés et symboliques (soleil= joie, chaîne de vie= confiance en Dieu, plume de paon = orgueil) A partir du début du 20 ème siècle le velours et la soie ont remplacé le drap et la broderie à « l’aiguille » en perles, cannetille, paillettes, passementerie a remplacé les broderies de couleur. Les coiffes des femmes ont pris de la hauteur jusqu’à 37 cm, juste après la guerre 39-45.. Le tailleur avait aussi un rôle social : Il colportait les nouvelles les informations. Il pouvait aussi servir d’entremetteur *pour les mariages car il connaissait les familles. (* dit ''Bas valan ''du nom du bâton de genêt qu’il portait à cette occasion) L’ancien presbytère ( cf. p.1- flèche) Photo prise vers 1900 par le comte Gaston Conen de Saint-Luc La maison appelée manoir de la Trinité, près du calvaire, date du 16 ème siècle. On voit encore une porte moulurée, une autre à accolade. Les meneaux et traverses des fenêtres ont disparu lors d’une rénovation. Le larmier et le parement de pignon indiquent qu’il y a eu une toiture en chaume. Un aveu au marquisat de Rosmadec signale que la toiture est déjà en ardoises en 1692. C’est une rareté à Plozévet. Après la révolution cette maison fut achetée par un marchand d’Audierne : Porlodec apparenté à la famille Delécluse. (Usine des traitements d’algues ) Auparavant cette maison a été la demeure des premiers douaniers de Plozévet, juste après la Révolution. Le lieutenant de la douane,Thomas-Marie LUCAS, fut aussi un agent du District, chargé du contrôle de l'application des lois à Plozévet. Il était accompagné dans cette tâche par Charles LE GUELLEC, riche meunier-cultivateur de la commune. Du presbytère, on pouvait observer toute la baie d'Audierne à la longue-vue. En l'an II Lucas y observa le combat de La Volontaire , frégate de 36 canons « la plus belle de la République » , contre six frégates anglaises. Elle capitula avec panache, sans livrer le cahier des codes. La Chapelle Classée monument historique en 1914 Construction en pierre de taille de granit. La chapelle est datée de la fin du 14 ème siècle par les blasons de l’ancien vitrail disparu. Le chœur a été refait en 1578 (date qui y figure avec le nom des fabriques* de l’époque.) Elle a été remaniée et agrandie par la construction du croisillon sud dans le transept, de 1566 à 1578. Une inscription, visible à l’extérieur est gravée dans la pierre* : '' '' XII E jour de mae fonde chapelle a été l’an mil VC LX VI. YVO GOELIC OEVRIER ''. Belle porte moulurée, une autre en anse de panier, de style flamboyant, pinacles, acrotères décorés.....Contreforts massifs pour la solidité. Puis vers 1702 une sacristie a été construite avec les pierres provenant du manoir de Keringard que la fabrique ** avait acheté. Le blason de la famille de Rosmadec est gravé dans la pierre. * 12 e jour de mai 1566 ** Personnes qui administrent les biens de l'église. Intérieur : En forme de T avec un seul bas-côté au nord séparé de la nef par 5 arcades que soutiennent des piliers cantonnés de 4 colonnettes (piliers quadrilobés) sur lesquels reposent des chapiteaux ouvragés tous différents. Le socle est massif (très pratique pour y exposer le beurre et les œufs offerts lors du pardon de la Trinité) Cette partie semble la plus ancienne car on rattache ce style à celui de Pont Croix (ou Languidou - au choix ). Elle est aussi la partie la plus obscure. Le transept sud, plus tardif est de style Louis XII. L’arc diaphragme entre la nef et le chœur supporte le petit clocher. Au nord : 2 enfeux qui sont ceux des seigneurs de Lanavan en Mahalon. Au nord , une porte ( murée jusqu’aux travaux récents ) permettait aux familles seigneuriales d’entrer dans la chapelle dont ils étaient bienfaiteurs : les seigneurs de Lanavan (Penfrat, Geoffroy, Marchallac’h), Pont Croix (Rosmadec qui possédait un banc dans l’église et avait droit de foire le lundi après le dimanche de la Trinité ainsi que le droit de faire tenir des plaids à l’entrée principale par ses juges et officiers), Du Quilliou (Barbu blason dans le vitrail, Guengat) et en suprématie le seigneur du Quéménet Even (Rohan : blason). A l’ouest, il reste deux petites fenêtres pourvues de bénitiers extérieurs : restes d’un ossuaire ou endroit réservé aux lépreux pour assister à la messe ?