Les hommes du Ménez...il y a 300ans !! Jean Savina (1876 Plogastel-St-Germain -1949) – Erudit- Membre de la Société archéologique du Finistère, rapporte dans le journal 'Le Citoyen' d'août 1927, des événements assez étonnants qui se produisirent en 1729. En voici quelques lignes concernant l'un des ''fléaux'' du moment: « Il y a deux siècles, messire François Aleno de Kersalic, cadet noble, était recteur ou plus exactement «vicaire perpétuel» de Plozévet. Le recteur primitif chanoine de la cathédrale de Quimper, n’intervenait guère dans l’administration de la paroisse, se contentant de percevoir, au bout de l’an, les dîmes ou «gros fruits» de son bénéfice. De fait, M. de Kersalic était le recteur et, dans le langage courant, on lui donnait ce titre. Recteur, il l’était même au sens le plus large du mot, au temporel ou spirituel. Prêtre d’un rigorisme tout janséniste, il eût voulu restaurer autour de lui «la grande roideur des vieux âges». Par excès d’humilité, à l’exemple de certains moines, longtemps il signa aux registres paroissiaux : «Aleno prêtre indigne». Autoritaire et bourru, mais juste et brave homme au fond, il assujettissait son troupeau au joug de la plus rude discipline. Son renom d’impérieuse énergie s’était répandu à cinq lieues à la ronde. «Homme craint et redouté» disaient ses paroissiens, «il faisait tout trembler sous le poids de son autorité. Onques recteur ne fut plus respecté dans l’exercice d’une double magistratur e. [...] » Un autre fléau désolait encore un quartier de sa paroisse, au terroir de Menez-Goret. En effet, l’esprit de chicane se perpétuait dans les quatre damnés villages de Kererou, Kerleunan, Leztréouzien et Kerhat. Quoi qu’il fut sur le déclin , et peut-être même parce qu’il se sentait trop vieillir, M. De Kersalic était impatient de livrer un dernier combat et de mater les mutins de Menez-Goret. Messire de Kersalic estimait que ce serait là le couronnement de son œuvre. Il allait se heurter à de «terribles mutins à d’obstinés chicaneurs à des amateurs de procès». Au fait, trois villages seulement, Kerhat, Kerleunan et Kerelou relevaient de la juridiction de M. de Kersalic ; Lestréouzien était au ressort de Monsieur de Plouhinec. Mais entre les quatre villages, «aux terres entrelacées» il y avait solidarité dans le désordre. M. De Kersalic n’hésita pas à étendre sa juridiction temporelle sur les gars de Lestréouzien. Le Menez-Goret, vaste palue située au bord de la mer, entre Kélerou et Lestréouzien, était un champ de bataille. Depuis un temps immémorial, les gens des villages voisins y venaient assidûment, à de courts intervalles, vider leurs querelles. «De tristes accidents» en résultaient d’ordinaire. Anciennement tout ce quartier ayant appartenu au même seigneur foncier, les parcelles labourables étaient «entremêlées haut et bas». Mais les aliénations successives des domaines contigus avaient laissé subsister l’indivision des terres frostes. Les 12 domaniers de Kerhat, Lestreouzien, Kerelou et Kerleunan avaient donc la jouissance indivise d’immenses communaux, palud et prateaux. Ces incultes qui tenaient une grande place dans l’économie rurale n’étaient point «embonnés et describés» dans les actes. Dans les prateaux il y avait des «viviers pour rouir filaces, tremper et laver chanvre et lin». Sur la palue de Menez-Goret pâturaient des troupeaux de moutons . Puis, «chacun y prenait annuellement, dans la saison convenable, les mottes nécessaires pour les stus ( ?) de sa terre, le bois de chauffage qui pouvaient s’y trouver et y mettait des goémons pris et ramassé dans la mer et côte adjacente.» Ces goémons étaient précieux comme engrais. «Nous mettons, disent les paysans, sur la dite palue quelques goémons bien utiles, périssables à la grève d’où il faut les enlever au plus tôt, comme un don de Dieu qu’il ne faut pas négliger. » [ ... ] Des vols aussi se pratiquaient. De là, de perpétuels débats, une guerre sournoise et sans trêve où les injures et les coups ne servaient qu’à entretenir l’ardeur des adversaires. Spectacles lugubres que ces batailles livrées pour la conquête des épaves et des goémons, dans les nuits de tempête, sur la grève ou la lande rase, en face de la mer en furie ! Visions d’enfer où la démence des hommes surpassait la violence des flots !» [. . . ] Pour la suite voir le site AD29, presse numérisée, « le Citoyen ». Page 4 Histoire et Patrimoine de Plozévet, le 8 août 2017, Promenade sur le Ménez-Gored : petit patrimoine et légendes. Le circuit des lavoirs Les pages qui suivent présentent quelques bribes d'histoires du ''Ménez''des temps anciens. Nous découvrirons des fours à goémon et des lavoirs entretenus par des habitants et par l'équipe des débroussailleurs de l'association. Nous évoquerons aussi ce qui a disparu et des légendes ou faits réels des temps anciens, brièvement rapportés ici, viendront agrémenter la balade. Page 1Les goémonniers. Les vestiges disparus A l'ouest de Kervouéret il y avait des buttes (Run) et des vestiges archéologiques semblables à ce que nous pouvons voir à Plouhinec, de l'autre côté de la vallée de Kersandy. Dans le cercle ci-contre, le cadastre de 1828 donne : Four à goémon Récolte et brûlage du goémon au Gored au début du 20ème siècle. Les lavoirs. En 1729 :'' Dans les prateaux il y avait des «viviers pour rouir filasses, tremper et laver chanvre et lin»'' À la fin de 19ème siècle, le ''Run'' est évoqué par H. Le Carguet : Les monuments de cette partie occupent la base de la colline. Ce sont : Une galerie au bord de l'anse de Poulhan ; Un menhir de 2 mètres, abattu, près de cette galerie ; Une butte, à 60 mètres N-O ; Un menhir de 3m. 50 cm , « la Galoche », à 150m au nord dans le vallon de Stang-Pors. Les C'horriked [Korrigans] jouaient aux palets sur cette pierre, avec les galets de Poulhan. Sous ce menhir, est un trésor gardé par un coq rouge. Un dimanche des Rameaux [ c'est le jour où les trésors cachés viennent s'étaler au soleil, aux derniers mots de l'Evangile], un pâtre gardait ses moutons à cet endroit. Tout à coup, quelque chose lui sauta sur les épaules. C'était un coq, gardien du trésor, battant des ailes et se préparant à chanter. Le pâtre, effrayé, le saisit et le jeta loin de lui ; Aussitôt le coq se mit à parler : « Si tu m'avais laissé chanter sur toi, tu aurais possédé le trésor que je garde. Tu m'en as empêché ; malheur à toi ! » Depuis ce jour le pâtre commença à dépérir, et mourut avant la fin de l'année. Le lavoir de Kergoff entretenu par les Plozévétiens, à l'initiative de l'association. Ce lavoir avait été sorti des broussailles par un voisin, il y a une vingtaine d'années. Les lavoirs que nous présentons sur le circuit sont tous situés sur le domaine public. Page 2 Le moulin de Kéringard est signalé sur le cadastre de 1828. Sur les cartes postales des années 1960, il était encore visible à l'horizon . 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