A Plozévet autrefois.....
Quand la vie s ' arrêtait.
L ' inhumation.
Quelques généralités .
Depuis le Moyen âge, l'âme d'un corps placé dans l'église était
supposée aller plus vite et plus près de Dieu, au
paradis. Les places les plus proches du choeur étaient les plus chères
.
Les corps étaient enterrés sous les dalles du pavement de l'église,
dalles soulevées à l'occasion d'un enterrement ;
les familles aisées pouvaient faire construire une chapelle sur les
côtés, à l'intérieur d'une église, chapelle dédiée à
un saint protecteur, où étaient ensevelis les membres de la famille.
Au Moyen âge et sous l'Ancien Régime, avec l'évolution de la population
et des villes, se développent les
cimetières. Un édit de 1695 fait obligation aux habitants de clôturer
le cimetière paroissial : en 1715, à la
campagne, ils étaient presque tous clôturés, afin que les animaux ne
puissent y entrer.
A partir de 1730, les cimetières des villes sont transférés à la
périphérie, pour raison d'infection. Cette coutume
n'est définitivement adoptée qu'à partir des années 1780.
A Plozévet et dans la région, on continue à enterrer les corps dans
l'église .
En 1734 il est décidé de construire un ossuaire au nord ouest de
l'église. Il figure sur le cadastre de 1828 et ses
ruines sont visibles sur les cartes postales du tout début du 20ème
siècle.
1744- Enterrement du corps de Jean Floch.
A Peumerit,
dès
1730,
certaines
inhumations se font déjà au cimetière,
d'autres continuent cependant à se faire dans
l'église. Souvent le lieu d'inhumation n'est
pas précisé.
En 1732, à Peumerit, le prêtre de la paroisse est
enterré au cimetière.Les registres "paroissiaux" sont des documents
imposés par décision royale mais rédigés par le curé (ou
vicaire) de chaque paroisse .
Pour l' Eglise, le baptême et le mariage sont des sacrements, donc des
cérémonies très importantes. Par
contre la sépulture ne constitue pas un sacrement puisque lors de la
mort "l'âme quitte le corps" et le curé
se préoccupe de l'âme et non du corps, d'ailleurs l'acte précise
toujours que c'est "le corps de M.X a été
inhumé" et non pas "M.X a été inhumé".
A l'arrière plan, le cimetière de l'enclos paroissial
et les ruines de l'ossuaire, au tout début du
20ème siècle.
En 1776, une ordonnance de Louis XVI interdit, pour des raisons
sanitaires d'ensevelir dans les églises,
mais cet édit n'est pas totalement respecté .
On notera par ailleurs que les 'non catholiques' ( noyés de religion
inconnue et personnes en état de péché
mortel) n'étaient pas inhumés en terre bénite.
L'anecdote qui suit nous en donne un exemple :
Le 5 janvier 1749, le capitaine, Olivier Rivet, se félicita de la
protection que le recteur de Plozévet, M. La Lande
de Calan, avait accordée à l'équipage, lors du naufrage de son navire
''Deux-Frères de Rouen'' .
Il déplora cependant le pillage d'une partie de l'eau de vie et du vin
qui avaient été entreposés dans un local.
Voici un acte de sépulture de pilleur d'épave, enterré sur la grève de
Poulhan en 1749.
Le corps d'Alain Daden, âgé d'environ 35 ans, époux de Catherine le
Talidec, décédé dans le village de
Lestréouzien de Plozévet, dans une grange dudit village, sa mort
causée, à ce qu'il paraît à tout homme
prudent et sage, par une débauche excessive d'eau de vie qu'il avait
fait à la côte où un bâtiment de
Rouen, commandé par le capitaine Rivet était naufragé le 5 du mois de
janvier de l'an mi sept cent
quarante neuf, chargé d'eau de vie. Ledit Daden, en conséquence de sa
débauche étant tombé comme
mort à la côte, fut transporté par quelques personnes de bonne volonté,
touchées de compassion, dans
ladite grange, comme dans un lieu plus abrité, mais dans laquelle on
s'aperçut qu'il mourut quelques
heures après, sans avoir fait signe de contrition de désir d'avoir un
prêtre et fut enterré le 7ème jour
dudit mois et an sur le sable de la côte où il fut transporté par
Joseph Lucas et Guillaume le Goff de
Kerhat, Henri Canévet de Kerlaoueret, lesquels ont déclaré ne savoir
signer, de ce interpellé suivant
l'ordonnance.
En foy de quoy j'ai signé : Joseph Julien, prêtre.
Texte retranscrit par Keleier de septembre 1963A Plozévet, les actes de
décès, juste avant la Révolution, mentionnent le cimetière de l '
enclos
1780 : Allain Strullu est inhumé dans le cimetière de l'église
paroissiale. L'acte est rédigé par le prêtre, mais la formulation a
changé.
An III : l'officier municipal rédige l'acte qui
mentionne le jour et l'heure du décès constaté par ses
soins.
An IX : les parents sont mentionnés sur l'acte de
décès d'une personne adulte.
(Ici : Jacques le Goff de Mespirit)
La translation du cimetière.
En novembre 1901, le conseil municipal évoque la création d'un nouveau
cimetière.
Le cimetière actuel est insuffisant et il est impossible de l’agrandir.
Pour des raisons d’hygiène son déplacement est urgent.
A priori 5 emplacements sont possibles :
Bord de la route de Quimper NE.
Bord de la route de Pt L’Abbé E.
Bord de la route d’Audierne NO.
Bord de la route de la côte SO.
Sur les terres à l’ouest du bourg, derrière l’école des filles.
Il convient d'essayer d’obtenir les terrains par entente amiable et il
faut consulter le médecin hygiéniste.
Le choix se portera sur le terrain proche de la route d'Audierne.En
décembre 1902 , l’objet de la réunion est la question du cimetière :
« Il est temps de délibérer sérieusement sur cette affaire . Il y a 100
inhumations par an»..
Le maire a fait établir les plans de terrains expertisés par un homme
compétent .
le terrain doit faire au moins 40 ares car des demandes de concession
se feront certainement.
Il faudra créer une voie d’accès sur une parcelle donnant directement
sur l’école des filles, la partie de parcelle
non utilisée fera la cour et le jardin de l’école. Voici les
propriétaires :
Sinou Alain
Douirin René
Le Dem Emile
Le Berre Yves
Le Moal et Cts
Les caractéristiques positives du terrain :ce n'est pas cher ; c'est
proche de l’église ( le transport du corps se
fait à bras et les suiveurs sont souvent âgés ); il n’y aura pas
d’influence sur la santé publique car il y a 2m de
terre meuble très propre à la décomposition des cadavres. Coût : 2820F
+ environ 1800F de clôture.
La bénédiction du cimetière eut lieu le premier dimanche de mai 1905,
sans la présence de Georges Le Bail.
Cette cérémonie fut l'occasion de récolter 767 signatures pour le
maintient du Concordat.
Anecdotes :
Le journal ''Le Courrier de l'Ouest '' rapporta que :
Le Christ attaché à la croix de bois du cimetière, fut ''commandé à
Paris par Le Bail... le plus farouche
anticlérical pouvant devenir clérical à ses heures..''
Les anciens n'aimaient pas parler de mort, au lieu de Mervel* on disait
désormais aller au « Park
Douirin..**. »
*Mourir ; ** « Le champ de Douirin »
La décomposition ne se faisant pas dans le délai légal, un nouvel
agrandissement sera demandé en 1913. La guerre en retardera
l'exécution jusqu'en 1923. Le problème se reposera en 1935.
La translation du cimetière fut très traumatisante pour la population
qui vivait au même moment la laïcisation de l'école des
filles et un conflit entre leur maire et les cléricaux.
L'enclos paroissial après translation du cimetière.Le premier
corbillard.
Le corbillard remplaça la charrette en 1939
On y transportait la dépouille du défunt de son domicile à l'entrée de
l'enclos de l'église.
Dans les temps plus reculés, les autorités religieuses jugeaient
indigne l'utilisation des véhicules de la ferme pour le
déplacement des cercueils : seul le transport à bras d'hommes était
respectueux pour le mort. Les porteurs du corps étaient
choisis parmi les hommes forts de l'entourage du défunt, mais les
longues distances à parcourir étaient fort éprouvantes.
La famille, les amis et les voisins, suivaient le
corbillard du domicile du défunt jusqu'à l'église
1946, matin d'hiver ...
Le 19-01-1936 : le conseil municipal vote le principe de l'achat d'un
corbillard.
Le 27-06-1937 : le coût du corbillard avec tentures est 4000 F . Il est
réservé aux habitants de la commune.
En janvier 1939, le coût des obsèques est fixé par le conseil municipal
qui décide que le corbillard pourra être prêté
aux autres communes.
Le corbillard a finalement coûté 7 000 F.
Le service des pompes funèbre appartient à la commune en qualité de
service public.
Il y a trois options : la hors classe (50 F) ; la 1ère classe (30F) ;
la 2ème classe (20F).
Pour les communes voisines, le tarif est doublé.
(sources : conseils municipaux)
La première sortie du corbillard est notée en marge d'un acte de décès
:
Le corbillard est sorti pour la
première fois le 14 février
1939, pour l'enterrement de
Jean Marie Youinou , marin
pêcheur de 77ans.Autour de l ' église.
Ajustement de la cape de deuil avant d'entrer dans l'église.
Les fontaines, de part et d'autre du porche, servaient à déposer les
parapluies avant d'entrer dans l'église.( Fin années 40).
Sortie de l'église en 1939. les femmes en cape de deuil se
rendent au cimetière.
Les 3 dernières images sont déposées au Musée National des Arts et
Traditions Populaires. ( La dernière image sur AD29)