à travers les photos de Jean Bourdon.
Les joueurs de '' quilles bretonnes '' .
Photo Jean Bourdon
Le jeu de quilles de Scantourec.( années 1960)
Au premier plan, portant chapeau et lunettes, c'est le tailleur
Jean-Pierre ANDRE (1899-1982).
Jusqu'à la fin des années 60, dans chaque village, les hommes se
réunissaient chaque dimanche sur les leurquer, pour
jouer aux quilles.
Les quilles bretonnes utilisées chez nous :
On disposait 4 quilles moyennes (40 cm env.) aux sommets d'un
carré, quatre petites quilles au milieu, de chaque côté, et la grande
(50 cm) au centre.
Les quilles sont de préférence en bois dur (hêtre, houx...) elles sont
grossièrement taillées à la serpe. Elles devaient
pouvoir résister aux intempéries des hivers . En effet, à l'issue de la
partie, on les rangeait dans un coin de l'aire de jeu,
jusqu'à la prochaine fois...
Le but du jeu :
Les règles peuvent varier légèrement.
Les joueurs se placent à plusieurs mêtres (environ 8m) de la grande
quille. La distance, déterminée à l'avance, variait avec
l'âge et la '' forme'' des joueurs.
Chacun dispose de 2 boules en galets de la côte, pour tenter de faire
tomber les quilles.
Si un joueur fait tomber la quille du milieu seule, cela vaut 9 points.
Si un joueur fait tomber la quille d’angle
seule, cela vaut 5 points. Les petites quilles valent 1 point.
Si plusieurs quilles tombent ensemble, chacune vaut 1 point, même si la
quille centrale est parmi celles qui sont
tombées.
Entre ces deux tirs les quilles tombées restent à terre, sauf la grande
qui peut être relevée.
La partie se joue en 3 manches de 2 galets chacune.
Le témoignage de PJ Hélias donnera plus de précisions sur les règles du
jeu.Les jeux de quilles des années 1920-1930 par Pierre-Jackez Hélias
et Henri Vazel.
Ces deux écrivains avaient des attaches à Plozévet et les textes qui
suivent sont empruntés à leus livresrespectifs :
Le Cheval d' orgueil et Quand bruissait le rivage bigouden.
Pierre Jackez Hélias écrit :
Il faut être grand pour jouer aux quilles. Les quilles que nous avons
sont de gros rondins de bois, presque des
troncs d'arbre taillés en pointe vers le haut. Il y en a neuf dans le
jeu. On trace d'abord un carré à chaque coin
duquel on dresse les quatre quilles moyennes qui valent 5 points
chacune. Entre elles sont placées les quatre
petites qui ne valent qu'un seul point. On les appelle les « bidouches
» (dernières nées). Et au centre du carré
trône la plus grande quille, le Grand-Mère ou encore la Vieille -Neuf.
Ai-je besoin de dire combien elle vaut !
En somme ce jeu de quille est l'image même de la famille telle qu'on la
comprend chez nous, c'est à dire les trois
générations qui vivent ensemble.
[. . . ]
Pour jouer on n'utilise pas de boule en bois comme souvent ailleurs,
mais de gros galets ronds dont il y a toujours
une provision dans un coin du jeu, outre que chacun peut aller choisir
les siens au bord de la grève proche. Entre
Penhors et Penmarc'h il y en a des millions. Dommage qu'il faille avoir
l'âge du certificat d'études pour les
empoigner.
[. . . ]
La partie se joue en 34 points. (36 à Lesneut, selon H. Vazel)
Avec sa première boule le joueur essaye de renverser le 5 de derrière.
Cela fait de la place pour éjecter la Vieille-
Neuf toute seule et gagner 14 points avec les deux quilles. Il tâchera
de faire la même chose au tour suivant :
vingt huit points donc. Après quoi il ne restera que 6 points à faire
en 2 manches.
Mais attention !!
Si vous abattez un 5 tout seul, vous « crevez » le plafons 34 et vous
revenez à 18 points.
Il faut préciser que la Vieille-Neuf et les quatre quilles de 5 ne
valent 9 et 5 que si elles tombent seules. Quand
elles entraînent dans leur chute une ou plusieurs quilles elles ne
comptent qu'un point comme les « bidouches ».
[. . . ]
Photo Jean Bourdon
Dans les années 1930 la famille VAZEL habitait à l'école de Lesneut,
tout près de la chapelle St
Démet et de son enclos, l'ancien cimetière.
Enfant, Henri Vazel jouait ax quilles auprès du calvaire.
Dans son livre ''Quand bruissait le rivage bigouden'', il écrit un
témoignage moins technique que le
précédent:'' Le dimanche , généralement, nous abandonnions le
cimetière aux adultes : dans la semaine nous jouions aux
quilles après la classe mais laissions respectueusement la
place aux aînés qui avaient bien droit au repos et à la détente
dominicale. Nous nous reposions aussi de l'école et de nos
folles équipées.
Assis en rond sur la croix nous regardions .
La grande quille au centre faisait 9 points Elle avait 10 à 12
cm de diamètre .
On tirait avec des boules ramassées à la côte plus grosses
qu'une boule de pétanque; Pan ! Des bruits, des éclats de
rires.
Des quilles qui s'effondrent, puis le silence ;
Quand une équipe avait atteint le chiffre 36 *( première
manche), tout le monde partait au bistro, chez Jos, puis les
cris reprenaient ; puis le silence ; puis la Nième partie avec
les haltes au vin rouge.
A la nuit tombante les jeux cessaient.
Lannic rentrait comme les autres mais plus démonstratif :
Il descendait en chaloupant vers la grève,
sa voix se perdait dans le lointain. [... ]''
* 34 pour PJ Hélias
PJ Hélias :
- quelques problèmes dans le décompte des points ?