Autrefois à Plozévet...
Au 15ème siècle, en baie d'Audierne :
les ''pauvres pêcheurs '' de merlus,
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D'après le bulletin de la Société Archéologique du Finistère (1913)
(article de H. Waquet)
Les lignes qui suivent se rapportent à la pêche du merlu qui fut très
active jusqu'au 17ème siècle dans les
régions du Cap-Caval et du Cap-Sizun. L'exportation du poisson séché
était une importante source de
revenus pour les maîtres de barques.
La saison de pêche durait de mars à juin et se trouvait entrecoupée de
nombreuses fêtes. Tous ces jours
devaient être chômés comme les dimanches, ce qui diminuait
considérablement le nombre de sorties des
bateaux et des hommes et, par conséquent, les recettes.
En 1428, les pêcheurs ( ou plutôt leurs employeurs, les maîtres de
barques ...) firent porter leurs
doléances jusqu'au pape Martin V qui répondit dans une bulle papale
:Les principaux éléments sont repris ci-après.
Les plaignants y présentaient le merlu comme leur ressource essentielle
dont ils faisaient, non seulement la
base de leur alimentation, mais un objet de trafic : on l'exportait
dans toutes les parties du monde. Ils
ajoutèrent même des détails , notamment celui-ci reproduit dans la
réponse, que la pêche se pratiquait de
nuit et sans qu'on eût à s'éloigner de la côte à plus d'une journée de
navigation.
Martin V se rendit à leurs prières : il les autorisa à travailler
durant la saison, les dimanches et jours fériés,
à condition toutefois qu'au retour ils abandonnent pour les pauvres une
part convenable du produit
de leur pêche.
Cette concession fut-elle révoquée par la suite, ou seulement tombée
dans l'oubli ? Toujours est-il que les
intéressés en sollicitèrent le renouvellement à perpétuité .
Sixte IV. La leur accorda.
Cependant, tandis que la première comportait une simple réserve
générale pour les grandes fêtes, la seconde excepta formellement
l'ascension, la Saint-Jean, la Saint-Pierre et même des dimanches.
La clause en faveur des pauvres était maintenue, et il était bien
recommandé aux pêcheurs de ne pas oublier les églises de la
région.
Quant à savoir la quantité de merlu qu'ils devaient abandonner, ils
n'avaient, sur ce point, qu'à suivre l'inspiration de leur
conscience...
Sixte IV, (pape de 1471 à 1484)
[...]
1554-Chapelle St Trémeur-Cléden-
Les marchands firent fortune grâce au commerce du poisson salé ou
séché, pêché à grand peine par les
« pauvres pêcheur s» .
Ils se rendaient principalement à Bordeaux et en Espagne.
Ils investirent dans des propriétés, parfois par des alliances, à
Plouhinec, Plozévet, et surtout Plovan
et ils se firent appeler Sieur du lieu.
Il y avait parmi eux Corentin Le Gouil, Sieur de Pelan à Plozévet.
Les marchands avaient bien fait quelques dons aux églises et aux
pauvres, mais, très vite ils avaient repris
leurs affaires et oublié leurs généreuses promesses .
En 1618, le prédicateur Michel Le Nobletz se rendit à Audierne pour une
mission où il dénonça leur
cupidité :Dans sa ''Vie manuscrite'', le père Maunoir, son disciple,
écrit :
« Après qu'il eut dit la messe, il (i.e. Le Nobletz) monta en chaire
pour prêcher.
Dès qu'il fît le signe de croix, tous les marchands sortirent dehors,
il n'y eut que le
sexe dévot (i.e : les femmes) qui tint bon à la parole de Dieu. A la
fin du sermon, il
prédit que Dieu visiterait cette communauté dont plusieurs avaient
enseveli leurs
cœurs dans les biens de la terre.
Dans quelques temps, ils perdirent les trois quarts de leurs vaisseaux
:
[...]
Lorsque bientôt, chargée de richesses , elle [la flotte] allait être de
retour, arrivée en face de la baie
d'Audierne, le jour ''entre la Saint-Clément et la Sainte-Catherine'',
la prédiction s'accomplit.
Saint-Raymond n'avait pu sauver ceux que Dieu avait condamnés.
Trompée par les feux que l'on allumait la nuit dans les églises et les
cimetières de Penmarc'h, la
flotte se jeta toute entière à la côte. Un seul navire, le 'Mouton
blanc', en réchappa . »
St Démet non plus, ne les protégea pas, et les voiles des épaves firent
le bonheur des riverains de la
baie et des tailleurs de la Trinité, qui les firent sécher sur les
champs de fèves !
'' Malédiction à Saint Démet,
Aux champs de fèves de la Trinité!-
A Plozévet dans les champs de fèves ,
les voiles de la flotte d'Audierne sont à sécher !''
Hyacinthe Le Carguet (1847-1924), archéologue et passeur de mémoire,
écrivait dans le bulletin de la
Société d'Archéologie du Finistère de 1910 _Pages 8 et suivantes):
« La pêche avait lieu de nuit. Par temps clair, avec lune brillante, le
poisson se tenait sur un banc de sable
roux, allant de l'Ouest à l'Est, de la côte de Bon voyage de Plogoff à
celle de Poulhan, en Plouhinec, à moins
de deux lieues distante de la terre, à Bigorn. Par temps couvert et
sans lune, c'était sur le banc de vase qui
encercle la baie, du Nord au Sud, de l'anse de Poulhan à la Torche de
Penmarc'h, en face de la chapelle de
Penhors. Ce banc de vase est connu sous le nom de al-lec 'hid . [ie :la
vase)]
Les bateaux qui pratiquaient cette pêche avaient une seule voile
carrée, étarquée au mât par le milieu d'une
antenne . Ils étaient montés par six ou sept hommes .
Toutes les églises du Cap-Sizun représentent ces bateaux sculptés dan.s
la pierre de leurs portails
Au mois d'octobre toutes les préparations étaient terminées
Le merlus sec, cordé par bottes de cent livres, était embarqué sur les
navires, et, au jour convenu, toute la
flottille d'Audierne quittait le port, faisant route vers Bordeaux -
Là, le poisson était livré, à destination de l'Espagne, Catalogne
surtout.
Au retour, les navires apportaient du vin,de la résine, des cordages,
des poteries
C'était fête, à Audierne, au départ de la flotte. »