PLOZEVET le 23 août 1944
Venant de Brest, le V-721(ex Neubau 308) fait partie d'un convoi
allemand qui se dirige vers
Lorient avec huit autres navires .
Repérés au radar par les destroyers britanniques, ils sont canonnés en
baie d'Audierne.
Vers cinq heures le V721 en feu s'échoue devant Pellan.
Un blessé est recueilli chez Jean Bourdon et 16 morts seront enterrés à
Plozévet .
L'épave en 2004, à marée basse.
(image H et P)Le combat vu Par ''Plozarch'' (Cf le blog)
Pierre Le Guellec a 80 ans. Au moment de la seconde Guerre mondiale, il
avait entre 12 et
14 ans.
LE COMBAT NAVAL
Dans la nuit du 22 au 23 août 1944, un terrible combat naval opposant
Anglais et Allemands eut lieu
entre Audierne et la pointe de Penmarc’h. La violence des tirs réveille
les Plozévétiens qui assistent
toute la nuit au combat, observant, sous un ciel de feu, les obus
tomber non loin de chez eux.
À l’aube, le spectacle qui leur est livré sur la palud de Pellan est
saisissant. L’épave du navire
allemand, le Vorpostenboot 721 est échouée sur les rochers et une
quinzaine de corps de soldats
Allemands tués ou noyés sont ramenés sur le rivage. De nombreux blessés
sont pris en charge par le
docteur Domain aidé d’habitants venus prêter main-forte. Par la suite,
ils se livrent rapidement aux
FFI (Forces Françaises de l’Intérieur) qui les font prisonniers.
A marée basse, le Vorpostenboot 721 attire de nombreux curieux qui
investissent les lieux et
récupèrent tout ce dont ils ont besoin (charbon, outils, tôles...).
Documents d’archives prêtés par Alain LE BERRE et provenant de
l’ouvrage Pointe de Cornouaille,
1940-1944 par Jean-Jacques Doaré et Alain Le Berre.
Cet ouvrage est consultable à la Médiathèque de Plozévet.Eté 1944,
Pierre se souvient du combat naval.
«On a été se cacher sous le pont de Pen-ar-Pont, où l’on avait fait des
bancs. Ça tirait de tous les bords ; il y
avait une fusée éclairante qui était tombée dans la crèche de Jean
Gourret et sur une vache, mais rien n’avait
pris feu. Tout le monde était venu dans la nuit s’abriter, avec le peu
de sous qu’ils avaient dans leur sacoche.
Ça a duré 2 ou 3 nuits. Nous, on ne voyait pas, mais on entendait.
Jeanne, une brave femme, disait en
breton Les canons passaient au dessus de ma tête !»
«Je me souviens quand les Allemands sont venus à la côte, on était à
Penllan et un officier allemand était
venu à la nage jusqu’à la côte. Tu vas l’accompagner au bourg avait dit
un passant à quelqu’un du FFI et il
avait dit : Ah non, je vais le tuer ! Mais il l’avait quand même
raccompagné à l’école Georges Le Bail où il a
été fait prisonnier».
Pour amener les blessés de Poulbréhen jusqu’au bourg, les soldats
étaient mis dans des charrettes et le
docteur Domain les auscultait, «il y en avait un qui demandait du
schnaps et le docteur Domain avait dit
Donne lui du shnaps»
«J’ai vu enterrer les corps à Prat Meur où on les a mis dans un premier
temps. Après, on leur a donné une
tombe au cimetière de Plozévet »
Pierre se rappelle aussi avoir vu, à ma
rée basse, des gens «piquer de la vaisselle dans les cales du bateau».
La femme de Pierre, Jeanine, était aux premières loges durant le combat
naval et se souvient bien avoir vu
les bateaux passer «tout feu, tout flamme». Elle avait très peur.
Chaque soir, elle et sa famille quittaient la
maison pour se cacher derrière un talus et ils entendaient les
Allemands «brailler dans les bateaux». Elle a
également été marquée par la vue des Allemands morts noyés qui ont,
dans un premier temps, été enterrés
directement sur la plage.