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A Plozévet autrefois,
Les galets de nos côtes . . .
Ce qui suit est une ébauche de travail autour des modifications de
l'aspect du rivage plozévétien au
cours du temps.
Quelques lignes sont consacrées au cordon de galets appelé « an Ero
Vili », « le mur de galets » , entre
Plozévet et Tréguennec.
Quelques légendes compléteront le document.
Les sources :
L'article de Jeannine Yannic site HPB ;
L'étude de Emmanuelle Savelli (GIPBE) en collaboration avec Benjamin
Buisson (Sivu de la baie d'Audierne et
Pierre Stéphan CNRS).
L'étude pluridisciplinaire des années 60, par Renée Rochefort de
l'institut géographique de Lyon (site Persee)
Les rapports de conseils municipaux (archives de la mairie) ;
Des galets pour les routes . . .
pour les casiers à homards et pour le ciment ;
En août 1897, le conseil municipal de Lucien Le Bail se plaint du très
mauvais état du chemin de grande
communication n°3, à cause de la mauvaise qualité des pierres qu'il
faut aller chercher à Plogastel, occasionnant
une perte de temps et une grande fatigue pour les attelages.
Une solution est proposée : utiliser les galets de la côte accessibles
aux débouchés des CV n° 3 et 4.
On en trouve des quantités considérables ;
L'utilisation des galets se fait dans le Cap Sizun, avec de très bons
résultats.
En mai 1898, même demande. Au pire, il est urgent de trouver des
carrières plus proches.
En mai 1899, mêmes doléances. Un dossier d'une page propose d'utiliser
les galets pour les chemins de la côte
qui sont fortement dégradés par le transport de sable et de goémon.
Les élus durent avoir partiellement satisfaction car les doléances
cessèrent .
En 1933, un dancing construit à Palud Kéristévet, fit l'objet d'une
polémique avec les autorités
religieuses. Ce hangar, baptisé ''la maison du fayot'', était construit
avec des galets de mer au bord
de l'ancienne route devenue le chemin côtier, lui aussi empierré par
des galets dont il reste
quelques traces.
En 1936 cet enlèvement de galets fut interdit pour protéger les terres
contre l'assaut des vagues.
Le conseil municipal envisagea alors une exception pour l'entretien des
chemins ruraux et
vicinaux, à condition de prélever les pierres dans les endroits les
moins exposés.
En 1938, l'extraction des galets fut réservée aux seuls habitants de la
commune, mais, un arrêté
préfectoral du 5 . 8. 1938 décrèta une interdiction absolue de
l'exploitation des galets.
En décembre 1947, le conseil municipal écrit :
'' L’interdiction absolue de l'exploitation des galets a fait l’objet
d’un arrêté préfectoral le 5 .8
1938.
La population pense qu’elle ne se justifie pas partout. Elle se
justifie seulement de Pouldreuzic à
Kerrest. Auparavant on les utilisait pour les routes .
Le maire demande au préfet de faire examiner le problème de Kerrest à
Poulhan.''
Pas de suite ??
Des riverains se souviennent des camions d'Audierne qui venaient dans
les années 50, à
Kerbouron, charger de gros galets afin de lester les casiers à homards.
Ci-dessus: à Plozévet, un pan de mur en galets de mer.A Kerbouron,
l'ancienne route menant à la côte laisse encore apparaître, sous une
plaque de bitume, des galets de petite
taille, sans doute importés de la zone allant de Kerrest à Poulhan.
(photo 2016)
Le relief et les sols de Plozévet -extrait-
par Pierre et Monik Le Rhun
(Revue de géographie de Lyon- 1967)
Le transport de sable pour les particuliers nécessitait un ''laissez-
passer'' ; pour les petits galets c'était plus
compliqué... Alors, une fine couche de sable les dissimulait au fond de
la charrette... pas vu, pas pris !!
Bien souvent, les habitants se servaient aussi de galets fins pour
faire le ciment nécessaire à la construction
de granges ou de crèches et au remplacement de la terre battue du sol
des habitations.
Ces constructions en galets de mer étaient très humides en hiver.Les
galets enlevés ne se renouvelleront jamais :
contrairement aux idées reçues ce n ' est pas la mer qui les ''
fabrique '' .
Le stock de galets en place ne peut se reconstituer que par des stocks
localisés sur les anciens plateaux d'abrasion
marine qui sont situés 10 à 15 m plus haut que la limite actuelle du
rivage entre Plozévet et Plovan.
Ces sources de galets, piégés en arrière du littoral, ne peuvent être
libérées que par l'érosion marine.
La falaise à Palud-Pellan en août 2016.
Au niveau de Tréguennec, le cordon de galet faisait jadis plus de 50
mètres de large et 7 mètres de haut.
Des prélèvements excessifs effectués par les hommes l'ont fragilisé.
Pendant la Seconde Guerre mondiale les galets servirent à la
construction des blockhaus du mur de l'Atlantique
par les Allemands. Il était dit que les prélèvements effectués dans les
parties basses du cordon seraient rapidement
compensés par des apports de galets du large . . .
1947
Photo Wikipedia
Pendant 3 ans , 6 trains partaient chaque jour de l’usine de triage de
Tréguennec.
L'extraction s'est poursuivie les décennies suivantes : des
entrepreneurs locaux prirent la relève pour, entre autres,
la reconstruction de la ville de Brest .
L'exploitation cessa définitivement en 1968.Blockhaus à Palud-Pellan,
témoin du recul de la côte en 70 ans. (août 2016)
Galets et légendes
•
La tradition veut que Notre-Dame de Penhors, à Pouldreuzic ait, en une
nuit, érigé ce mur de galets
appelé localement Ero Vili, pour éviter que les bateaux ne se laissent
attirer vers les étangs .
• A Plozévet c'est Saint Gildas qui vint au secours des habitants :
Selon une de ses « Vies », Saint Gildas aurait accompli un miracle à
Plozévet, au VIe siècle.
Gilles Goyat a rapporté cette légende dans Tal ar Sonerien n°14-
janvier 2005 : en voici un extrait
Traduction du § 26 de la Vie de Gildas:
« Et parce que les miracles de Ses saints, récités aux oreilles de Ses
fidèles, constituent des
louanges au Créateur de toutes choses, qui demeure en Ses saints et
accomplit des merveilles
par leur entremise, nous avons jugé approprié d’évoquer aussi la
puissance qu’il a semblé bon
à notre Seigneur de manifester par l’intercession de Son serviteur
Gildas dans la paroisse de
saint Demetrius. Car dans cette paroisse se trouvait un étang à
l’entrée duquel rôdaient des
pirates qui ne relâchaient leurs victimes qu’après les avoir
dépouillées de leur vêtements et
battues, souvent même à moitié mortes. Cette cruauté provoquait une
violente indignation chez
les habitants du pays ; mais, incapables de les chasser eux-mêmes, ils
implorèrent le secours du
saint.
Lorsqu’il arriva à l’embouchure de l’étang, saint Gildas supplia le
Seigneur d’en obturer
l’entrée. Sa prière finie, une grande butte s’éleva du sable à
l'endroit où les pirates
commençaient leur forfait. Lorsqu'ils se rendirent compte du miracle,
les accompagnateurs de
saint glorifièrent Dieu et tinrent toujours St Gildas en profonde
vénération. »L’historien Jean-Christophe Cassard, spécialiste de la
Bretagne au Moyen-âge, propose une autre interprétation de
ce texte :
Il a émis l’idée que les faits se sont déroulés environ trois siècles
plus tard et que les pirates en question étaient
des Vikings.
•
Pierre-Jackez Hélias donne sa version dans la légende de Languidou ,
plus au sud, en Plovan. [les galets
proviendraient du fond de l'océan ] :
«
"Le flux de la mer montait jusqu'à Languidou.
Les bateaux faisaient relâche au pied de l'église.
Le jour du grand pardon, il venait des bannières
Saluer saint Kido, de toutes les nations !"
Or, ce n'est pas Henri Bolzer qui a trouvé cela dans sa propre tête.
Elle était trop étroite pour inventer des
choses pareilles. Il a ramassé, comme on dit, l'héritage des oreilles,
les quelques phrases qui avaient réussi
à traverser les siècles sur la langue des conteurs, aux veillées de
Plovan.
Et puis, il vint un temps ou la mer attrapa mal au ventre, on ne sait
pas pourquoi ni comment. Peut-être à
cause des pêchés des hommes. A force de convulsions, elle dérouta ses
courants, elle bannit ses
poissons au large, elle encombra les canaux de sa vase, elle finit par
dégorger, sur ses bords, les
galets qui lui faisaient mal. Toutes les charrettes du monde n'auraient
pas réussi à en débarrasser le
rivage avant le jour du jugement.
La baie de Kido se trouva barrée d'un cordon de galets polis et se
dessécha derrière ce mur.
La rivière devint un étang et les cloches de Languidou sonnèrent le
glas du grand pardon. »